ce fait, que les maladies pestilentielles, c’est-à-dire les maladies épidémiques et contagieuses, étaient sans doute dues à l’existence de certains vers ou insectes qui en étaient la cause transmissible ; de même Goiffon, un médecin lyonnais du commencement du XVIIIe siècle, soutenait, à propos de la peste qui désola Marseille en 1720, que le mal était communiqué par des animalcules microscopiques, étrangers à notre pays, apportés dans les vaisseaux avec les marchandises du Levant, se multipliant dans un temps et ne le faisant pas dans un autre. Remarquons en passant que, l’idée restant la même, le mot a évolué avec les progrès de nos procédés d’investigation. Avec des microscopes qui ne sont encore que des loupes, et qui montrent seulement, en les grossissant de quelques diamètres, les plus petits des vers et des insectes, ce sont ces animalcules qui sont mis en cause ; les microscopes modernes, avec leurs grossissemens de 1,000 à 2,000 diamètres, devaient nous révéler un nouveau monde, pour lequel les vers et les insectes de Kircher étaient des géans. Aussi, plus récemment, Henle attribuait les fièvres éruptives à l’existence de parasites végétaux, et Trousseau, qui devança la science de son temps grâce à son tact admirable de clinicien, pressentait vraiment la découverte prochaine, quand il écrivait : « Il est des semences que l’on peut appeler indifférentes : placez-les dans certaines conditions de chaleur et d’humidité, elles lèveront partout et en toutes saisons ; mais toutes ne se comportent pas de cette façon. De même les germes de certaines espèces animales, de même sans doute certaines semences morbides… N’y aurait-il pas, en effet, des spores morbides dont l’action expliquerait les fermentations morbides dont parlent les anciens ? » Mais enfin, entre cette prescience et la science faite, il y a la distance qui sépare l’alchimie de la chimie, une hypothèse d’un fait démontré, c’est-à-dire un abîme qui ne peut être parfois comblé qu’après de longs siècles, et en raison duquel la découverte d’un fait appartient tout entière à celui qui en apporte la démonstration.
Dans cet ordre d’idées, M. Pasteur a d’ailleurs eu des précurseurs plus immédiats et des collaborateurs de haute valeur. Nous aurons, chemin faisant, à dire leur part dans la marche de cette belle science des microbes, que nous allons prendre à son origine, pour la mener graduellement à sa formule actuelle, formule que nous croyons devoir donner, dès maintenant, comme une proposition à démontrer.
Aujourd’hui, la doctrine microbienne, dite théorie parasitaire ou doctrine du contage animé, peut se résumer comme il suit. Les maladies infectieuses, — et par ce terme il faut entendre toutes les maladies aiguës, fébriles, telles que les fièvres éruptives, la