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AUX INDES
PAR TERRE
A TRAVERS LE PAMIR

L’Asie centrale, que nous venons de parcourir pour la seconde fois, a toujours exercé sur nous une grande attraction. Cela s’explique. cette région de la terre est faite de contrastes : on y trouve dans les déserts les plus affreux des oasis d’une fertilité grande ; on s’y heurte à des villes retentissant des bruits agréables de la vie au sortir des solitudes que la profondeur du silence grandit en quelque sorte ; le voyageur, dont la bouche est amère encore de l’eau saumâtre puisée aux citernes de la steppe aride, rencontre soudain des fleuves ayant l’allure majestueuse de mers qui s’en vont et où il boit la meilleure eau du monde ; après avoir parcouru des plaines infinies, il arrive au pied de montagnes dont l’œil peut à peine découvrir les cimes qui se cachent dans les hauteurs du ciel. S’il a le courage de franchir cette barrière, en grimpant des sentiers difficiles, il se trouve au milieu d’un océan de montagnes d’où il craint de ne pouvoir sortir, et s’il monte et descend des semaines, des mois de suite, n’apercevant du ciel parfois qu’un tout petit coin bleu, s’il se dirige du côté où le soleil se dresse chaque matin, il finit par aboutir à un pays où les cours d’eau