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La Galicie fournit annuellement un millier de quintaux de pétrole, mais le domaine naphtifère, qui s’étend le long du pied septentrional des Carpathes, est fort loin d’avoir été suffisamment exploité. La zone à naphte de la Roumanie donne annuellement environ 200,000 quintaux de pétrole brut. Cette zone peut être considérée comme la continuation de celle de la Galicie, et constitue avec cette dernière un domaine complètement indépendant de celui de la Russie d’Europe, qui s’étend le long du Volga. Enfin, en 1882, l’Italie a fourni 52,340 tonnes et l’Autriche 42,592.

La France ne possède que des dépôts de naphte comparativement peu importans ; mais parmi les gîtes exploités, il en est un remarquable sous le rapport géologique, c’est celui des environs d’Autun, car le pétrole s’y trouve, non pas, comme en Russie, ainsi que presque partout en Europe, dans les dépôts tertiaires, mais dans le terrain permien, où M. Gaudry a découvert un curieux reptile qu’il a nommé Protiton petrolei.

En dehors des pays que je viens de passer rapidement en revue, il en est plusieurs qui produisent du pétrole en moindre quantité, mais dont il faut également tenir compte lorsqu’on veut obtenir le montant approximatif de la production universelle. M. Hue évalue cette dernière à 100 millions hectolitres, dont 64 millions produits par les États-Unis et 25 millions par la Russie ; il en résulte que ces deux contrées à elles seules fournissent bien plus de la moitié du pétrole produit par tous les pays connus du monde. Ce sont ces deux contrées que nous allons étudier maintenant, en commençant par les États-Unis[1]


II

A l’époque où le pétrole était encore peu usité en Amérique, on considérait sa présence dans les mines de sel plutôt comme un accident gênant. Ce fut en 1861 que l’on fonça le premier puits nommé fountain, qui donna 3,815,280 kilos par jour. Cependant, en 1875, le commerce du pétrole n’avait encore que peu d’importance. Il résulte de la table que MM. Stowell et Weeks ont dressée[2] de la production annuelle du pétrole brut dans les États-Unis et le Canada,

  1. Les limites imposées à ce travail, ainsi que la crainte de lui donner une apparence trop technique, ne m’ont pas permis d’indiquer les traits géologiques très curieux qui caractérisent les dépôts de pétrole. C’est un sujet que j’ai traité d’une manière toute spéciale dans un ouvrage que j’espère publier prochainement sous le titre : Déserts principaux de notre globe, déserts dont j’ai étudié plusieurs sur les lieux mêmes.
  2. Mineral resources of the United States, 1885-1886.