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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 89.djvu/641

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connue depuis longtemps. Ces travaux, fort dispendieux, furent abandonnés comme n’étant pas assez rémunérateurs, bien qu’ils eussent occasionné la découverte du pétrole ; mais cette trouvaille inattendue ne fut pas appréciée à sa juste valeur, d’autant moins que la concession n’avait eu pour objet que l’exploitation du soufre.

Ce ne fut qu’en 1884 que Nubar-Pacha chargea M. Debry, ingénieur belge, d’étudier Iamsah sous le rapport du pétrole. Les travaux entrepris par M. Debry, en 1886, eurent pour résultat la découverte, à 32 et 41 mètres de profondeur, de plusieurs sources de pétrole, dont l’une fit monter un jet puissant qui déborda les tuyaux et se répandit dans la galerie. Aucune mesure précise de la quantité du liquide ainsi projeté n’ayant été faite, elle fut évaluée approximativement à 500 mètres cubes en vingt-quatre heures, 2 litres d’eau et 1 litre de pétrole. Malheureusement on ne possédait pas de réservoirs pour recueillir le liquide, en sorte que les conduits furent immédiatement fermés. En tout cas, M. Debry avait constaté que les gîtes pétrolifères de la Mer-Rouge sont susceptibles d’une exploitation, selon toute apparence, productive. Aussi le gouvernement égyptien se proposa-t-il de faire faire des études sur une large échelle, afin de donner à cette industrie le plus grand développement possible. Des circonstances inconnues paraissent avoir empêché la réalisation des espérances brillantes conçues à cet égard, car bien que, selon M. Jos.-D. Week[1], dans le budget de l’Egypte pour l’année 1887, figurât la somme de 30,000 livres (600,000 fr.) destinée à l’exploitation du Djebel-Zeit et de Iamsah, M. Edgar Vincent, conseiller financier du khédive, considéra cette somme comme inutile, en déclarant que, si jusqu’au Ier avril 1887, on ne trouvait pas de pétrole dans des conditions favorables, les travaux seraient abandonnés et le matériel vendu. Le savant américain, qui rapporte ces faits, ajoute l’observation que l’Egypte ne paraît plus avoir de chances d’alarmer les producteurs américains ; sans doute, il eût été charmé de pouvoir en dire autant de la Russie.

Enfin, en 1882, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont fourni 478,766 tonnes. Quant à l’Europe, les pays suivans méritent d’être mentionnés comme producteurs de pétrole.

En Allemagne, les hauteurs des Landes de Lunebourg (contrée comprise entre l’Elbe et le Weser, dans l’ancien royaume de Hanovre) contiennent d’assez riches dépôts de naphte, dont l’exploitation se fait par plusieurs sociétés répandues dans presque toute l’Allemagne ; malgré cela, il paraît que cette industrie est bien inférieure à ce qu’elle pourrait être.

  1. Mineral resources of the United States, 1886.