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exagérée dans le service des bouches à feu plutôt qu’à une défectuosité de celles-ci.

C’est sur la poudre, c’est sur le projectile, c’est enfin sur le matériel roulant que les principales améliorations ont porté. Les coffres ont subi d’importantes modifications. On sait qu’ils servent de sièges aux servans dans les déplacemens rapides du champ de bataille. Malheureusement on ne les avait disposés, au début, que pour transporter trois hommes. Or, ce nombre est insuffisant pour la manœuvre d’un canon. Les six pièces de la batterie devaient donc être forcément suivies de caissons, sur les coffres desquels le personnel de renfort trouvait place. C’était une gêne et, quoi qu’on en pensât, un alourdissement. Un chasseur qui ne porte pas de carnier a les mouvemens libres et aisés. Il pourra se déplacer plus lestement encore de sa personne, s’il n’a ni poire à poudre, ni plomb sur lui, et s’il est suivi d’un garde qui porte son fusil. Mais il se trouvera dans un état de dépendance admissible seulement dans des tirés de parade. Personne ne songera à chasser le gros gibier dans de pareilles conditions : la moindre imprudence constituerait un grave danger. Il ne serait pas moins périlleux pour les pièces d’être séparées des caissons qui leur amènent une certaine partie de leurs servans : elles seraient dans l’impossibilité d’agir et aussi désemparées qu’un voilier sans équipage ou qu’un vapeur sans mécanicien. On s’est donc décidé à mettre cinq hommes, au lieu de trois, sur les avant-trains d’affût, et, grâce à cette mesure, bien que chaque voiture se trouve alourdie de près de 150 kilogrammes, la batterie est plus légère, plus maniable : les six pièces peuvent former une colonne indépendante. Appelés en toute hâte à entrer en ligne, elles arriveront peut-être avec un retard de quelques secondes, mettons quelques minutes ; mais elles ne seront pas obligées, pour agir, d’attendre que les caissons les aient rejointes.

Le servant ne garde pas le sac au dos, comme fait le fantassin. Obligé de s’appliquer aux roues de l’affût pour le ramener en avant après que le recul l’a chassé en arrière, il a besoin de n’être pas gêné à l’articulation de l’épaule. Aussi place-t-on les havresacs sur le dessus des coffres. Dans le modèle primitif, ceux-ci s’ouvraient comme une malle, le couvercle se relevant ; il fallait donc le débarrasser préalablement de tout ce qui le couvrait de là des lenteurs. D’autre part, les sacs posés à terre risquaient de s’y abîmer, d’être oubliés dans la précipitation d’un départ rapide, ou tout au moins d’être foulés aux pieds par les chevaux, écrasés par les roues. Aussi maintenant a-t-on adopté des coffres « à tiroirs, » qui s’ouvrent comme des commodes, c’est-à-dire sans qu’il soit nécessaire d’enlever ce qui est placé sur leur partie supérieure. Ces détails de construction, si insignifians qu’ils paraissent, ont