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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les Banques d’Angleterre et de France ont maintenu leur taux d’escompte respectivement à 5 et à 4 1/2 pour 100. Mais les retraits d’or à destination de la république argentine et de la Russie sont restés provisoirement suspendus, et la Banque d’Angleterre a pu améliorer légèrement sa situation, en relevant à la fois le montant de son encaisse métallique et la proportion de sa réserve à ses engagemens. En même temps, le taux de loyer des capitaux s’est abaissé jusqu’à 3 pour 100 sur le marché libre à Londres, et la Banque de l’empire d’Allemagne n’a pas élevé le taux de son escompte, qui était déjà à 4 pour 100 à la fin de septembre. Sa situation monétaire ne s’est donc pas aggravée en octobre. La crainte d’un nouveau resserrement de l’argent n’en a pas moins pesé pendant tout le mois sur les marchés financiers, et plus encore sur le nôtre que sur ceux d’Allemagne et d’Angleterre. On estime généralement que notre place est mal engagée sur la rente française 3 pour 100, que les acheteurs y sont moins solides que les vendeurs, et que la politique financière de notre gouvernement n’est pas étrangère à cet état de choses qui tient nos fonds publics immobiles, alors que la plupart des fonds étrangers ont vigoureusement repris depuis le milieu du mois.

Le 17 octobre a été mis en distribution, à la chambre des députés, le rapport général de la commission des finances sur le budget de 1889. Le budget de 1889 est la reproduction presque complète de celui de 1888; il présente cependant quelques différences caractéristiques avec le projet primitif du ministre des finances. Celui-ci supprimait entièrement les crédits affectés au remboursement des obligations sexennaires et ne proposait d’alimenter le budget extraordinaire de la guerre qu’avec des émissions de bons du trésor. Pendant les vacances, la commission et les ministres, mettant leurs efforts en collaboration, ont découvert des économies à effectuer jusqu’à concurrence de 25 millions de francs. Le total des dépenses se trouvait ainsi ramené à 2,985 millions. On l’a relevé à 3 milliards, en faisant rentrer le budget extraordinaire de la marine dans le budget ordinaire. Les recettes étant évaluées à 3,011 millions, on consacre 10 millions au remboursement d’obligations à court terme venant à échéance en 1889 (il y en a pour 100 millions), et il reste un excédent (sur le papier) de quelques centaines de mille francs.

En dehors du budget ordinaire. des dépenses, il y a un budget extraordinaire déclaré, et, comme toujours, plusieurs budgets extraordinaires