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dissimulés. Le budget extraordinaire déclaré est celui du ministère de la guerre, 138 millions. Les budgets extraordinaires dissimulés, et qui ne seront alimentés que par l’emprunt, sont les suivans : travaux de chemins de fer, rivières, ports et canaux ; chemins de fer d’intérêt local et tramways; bâtimens scolaires; garanties d’intérêt des chemins de fer; au total, de 300 à 400 millions.

On sait que le rendement des impôts pendant les neuf premiers mois de 1888 a donné une plus-value de près de 60 millions, par rapport aux recouvremens effectués pendant la période correspondante de 1887, et de 29 millions, par rapport aux évaluations pour l’exercice en cours. Or les crédits supplémentaires déjà votés ou demandés pour 1888 dépassent de 6 millions ces plus-values d’impôts. Le déficit de 1888 est donc actuellement de 6 millions, plus toutes les dépenses des budgets extraordinaires déclarés ou dissimulés.

Il faut, en outre, se préoccuper des ressources à l’aide desquelles il pourra être pourvu aux dépenses extraordinaires de notre établissement militaire pendant les cinq ou six prochains exercices, dépenses dont M. de Freycinet évalue le total à un peu plus d’un milliard, et devant la nécessité desquelles chacun est tenu de s’incliner, quelque dure et singulière qu’elle puisse paraître. Pour ces dépenses et pour les déficits passés et présens, un grand emprunt serait la solution la plus simple. Mais il faudrait gager cet emprunt, et la chambre, dont les jours sont dès maintenant comptés, recule d’effroi à la pensée de voter de nouveaux impôts. Que diraient les électeurs?

Ce n’est pas que le ministère soit embarrassé pour proposer une aggravation des charges des contribuables sous le nom pompeux de réformes fiscales. M. Peytral a plusieurs projets en portefeuille, sur la contribution mobilière personnelle, sur les successions, sur la transformation du système des prestations, sur la réforme du régime des boissons ; enfin, il présente un impôt général sur le revenu. Il est fort probable qu’aucun de ces projets ne trouvera dans la chambre une majorité favorable.

La Bourse a fait à ces propositions un accueil mélancolique. La rente 3 pour 100, qui, dans la première partie du mois, avait fléchi de 82.90 à 82.30, ne s’est relevée dans la seconde à 82.70 que pour retomber bientôt à 82.40. L’amortissable a été un peu plus favorisé et gagne 0 fr. 17 centimes à 85.20. Le 4 1/2 a été porté de 105.55 à 105.80, mais a reculé ensuite à 105.40.

Les obligations sont toujours très fermes, mais ne progressent plus. Les titres des établissemens de crédit se sont contentés de se maintenir au cours du milieu du mois. Les différences à noter sont peu sensibles : 6 francs de hausse sur la Banque de Paris, 5 francs de réaction sur le Crédit lyonnais. Les actions des chemins français, dont les recettes sont en progression soutenue, gagnent de 5 à 7 francs,