Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE MUSICALE

Musique de piano et lieder de M. Tschaikowsky. — Théâtre de l’Odéon : Athalie, avec la musique de Mendelssohn.

Il y a quelques mois, en prenant ici même congé de M. Tschaikowsky, nous lui disions non pas adieu, mais au revoir. Nous venons de le retrouver, de faire avec lui plus ample, ou mieux, plus familière connaissance, grâce à quelques-unes de ses pièces, pour piano seul et à quelques-uns de ses lieder.

Le musicien russe était trop répandu cet hiver dans notre monde parisien fêté dans trop de salons; on se pressait trop autour de lui pour qu’il fût possible de jouir de ces œuvres délicates, faites non pour les grandes salles et les réunions nombreuses et bavardes, mais pour le recueillement de l’intimité, presque pour les rêveries de la solitude. C’est trop de cent personnes, c’est trop même de dix, pour écouter une sonate ou une chanson.

Nous avons lu et relu avec le plus grand plaisir les pièces pour piano de M. Tschaikowsky. Elles témoignent d’un très grand talent. Au piano comme à l’orchestre, M. Tschaikowsky n’est peut-être pas aussi russe qu’on pouvait s’y attendre. L’élément slave ne domine pas en lui, bien qu’il apparaisse de temps en temps. Le fond de la nature du musicien est plutôt allemand, et M. Tschaikowsky se rapproche moins de Chopin que de Schumann. Chez lui la forme, autant que le fond, est allemande. Il écrit très bien, d’un style original, élégant et ferme. Il a plus de précision que Chopin et que Schumann. Il est