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étaient, à Constantine même, le général d’Autemarre, à Sélif le général Bosquet.

Ce fut le général Bosquet qui eut le premier, en 1852, à faire parler la poudre. Bou-Baghla, ce revenant perpétuel, avait fait irruption dans l’Oued-Sahel inférieur, brûlé, le 14 janvier, le village d’Aguemoun qui lui faisait résistance, et malmené le maghzen de Bougie. Quatre jours après, la colonne active de Sétif était en marche; elle comptait 1,500 baïonnettes, 150 sabres et 2 obusiers de montagne. Le 21, au milieu du pays insurgé, elle était rejointe par le colonel Jamin, venu de Bougie avec deux bataillons et deux autres pièces de montagne ; son effectif dès lors fut doublé. A cet ensemble de forces animées par l’énergie du commandement, Bou-Baghla ne pouvait pas tenir tête. Attaqué, le 26 janvier, sur le territoire des Beni-Mansour, il fut rejeté de l’autre côté du Djurdjura. Le 4 février, la colonne occupait le col d’Akfadou, dominant à l’est l’Oued-Sahel inférieur, à l’ouest la vallée du haut Sebaou.

L’action militaire avait atteint son objet. « Il ne saurait être question, à l’époque actuelle, écrivait le général Randon à Saint-Arnaud, ministre de la guerre, de faire une expédition profonde, que la colonne n’aurait pas d’ailleurs les moyens d’exécuter et qui ne pourrait être que compromettante pour le présent, sans bénéfice pour l’avenir. »

C’est le grand, le principal mérite du général Randon, dans son gouvernement d’Algérie, d’avoir voulu substituer quelque chose de permanent à ces allées et venues de colonnes derrière lesquelles les populations traversées se rejoignaient comme les flots sur le sillage d’un navire, et d’avoir compris que, pour garantir la permanence des établissemens, il fallait leur assurer d’abord des communications permanentes. La belle route ouverte par lui dans la forêt de l’Edough est restée le meilleur souvenir et comme le monument de son commandement de 8ône en 1842. C’est pourquoi il ajoutait dans sa dépêche à Saint-Arnaud : « La route qui doit joindre Alger à Bougie, en traversant la Kabylie, doit être l’objet d’une attention toute particulière. Il importe de reconnaître la véritable direction à lui donner de Bougie aux crêtes des montagnes qui forment, à l’est, le bassin du Sebaou, d’en indiquer le tracé et même de procéder autant que possible à des travaux d’ouverture. Nous faciliterons ainsi les opérations militaires à entreprendre ultérieurement contre la Grande-Kabylie, et nous assurerons la tranquillité du pays en prouvant dès aujourd’hui aux indigènes notre ferme volonté d’établir fortement chez eux notre domination et notre autorité. »

Dès le 5 février, les troupes se mirent à l’œuvre entre Bougie et Ksar-Kbouch, tandis qu’un peu plus au sud, des corvées de Kabyles