chérif une telle razzia que le succès de cette pointe hardie jeta jusque dans Ouargla l’épouvante.
Le 16 décembre, le général Pélissier reprit le chemin du Tell par Aïn-Madhi, où Tedjini le reçut avec de grands honneurs; le lendemain, ce fut au tour du général Jusuf de lever le bivouac pour regagner Djelfa. Une garnison d’un millier d’hommes fut laissée provisoirement dans Laghouat, en attendant le choix qu’il plairait au gouvernement de faire entre l’un de ces trois partis, la destruclion, l’abandon ou l’occupation définitive du ksar. Ce fut le dernier qui prévalut. La brèche fut fermée, l’enceinte crénelée; aux deux extrémités de l’ellipse dessinée par la muraille, deux ouvrages s’élevèrent : le fort Bouscaren et le fort Morand ; la kasba demeura le premier des établissemens militaires ; l’hôpital y fut établi ; les maisons les plus spacieuses furent appropriées au casernement, un moulin et une manutention installés pour le service des vivres. Un équipage de 500 chameaux dont l’entretien fut imposé aux Larbâ comme contribution de guerre, dut être tenu par eux en état de marcher au premier signal.
La force de la garnison permanente fut calculée à raison de 800 hommes d’infanterie, avec un escadron de 125 chevaux, une section de montagne, quelques sapeurs du génie et un détachement de troupes d’administration proportionné à l’effectif. La circonscription politique du poste avancé de Laghouat dut embrasser les ksour d’Aïn-Madhi, de Tadjemoute, d’Assafia, de Ksar-el-Aïrane, l’aghalik des Larbâ, le hachaghalik des Ouled-Naïl; le groupe même des ksour du Mzab y fut compris, mais nominalement, à titre de région suspecte et bonne à surveiller. Enfin, le commandement du poste, de la garnison et du cercle fut confié par le gouverneur-général au capitaine Du Barail, du 1er régiment de spahis.
Pour son coup d’essai, le commandant de Laghouat débuta par un coup de maître; car il venait de décider, — chose inouïe, invraisemblable, — le vénérable marabout d’Aïn-Madhi, Tedjini, à faire le voyage d’Alger, quand, peut-être impressionné par l’étrangeté de son aventure. Tedjini mourut presque subitement, le 12 mars 1853, à la veille de se mettre en route. L’événement pouvait avoir de graves conséquences, selon ce que serait le successeur du marabout. Ce fut heureusement un homme d’humeur paisible, et qui se rangea sans peine sous l’autorité du capitaine Du Barail. Le colonel Durrieu, commandant la subdivision de Mascara, envoyé par le gouverneur pour décider du sort d’Aïn-Madhi, n’eut même pas besoin de pousser au-delà de Géryville ; et comme si un succès en appelait nécessairement un autre, en même temps qu’il apprenait de ce côté-là le dénoûment de la difficulté, un courrier lui apportait la nouvelle d’une razzia faite, à 35 lieues au sud-ouest, par