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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/501

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l’infatigable Si-Hamza sur les Hamiane, auxquels il avait pris 2,000 chameaux, 30,000 moutons, des dépouilles de toute espèce.

Commencée sous les plus heureux auspices dans le sud, l’année 1853 ne devait pas les démentir dans le nord.


III.

Comme le général d’Hautpoul, son prédécesseur, le général Randon était arrivé en Algérie avec une grande et ambitieuse pensée, la réduction de toute la Kabylie, l’achèvement de la conquête. D’opposition parlementaire il n’y avait plus cure ; le gouvernement était absolument le maître.

En i852, le ministre de la guerre avait renvoyé l’examen de la question à l’année suivante; en 1853, dès le mois de janvier, remise sur le tapis par le gouverneur-général, elle fut tranchée, suivant son désir, par le ministre. « J’ai décidément arrêté, disait, dans une dépêche du 17 février, le maréchal de Saint-Arnaud, le projet d’une expédition sérieuse dans la Kabylie du Djurdjura. Cependant, avant de lancer des colonnes dans ces âpres montagnes, il est indispensable que nous nous rendions bien compte de la situation de l’ensemble de nos possessions algériennes, afin de constater les forces locales qui pourront être consacrées à cette opération. Cet examen est d’autant plus nécessaire que la France vient encore de réduire son armée de 20,000 hommes, et qu’on ne peut, plus évidemment réclamer le concours des troupes de la métropole. J’attends votre réponse avec une vive impatience, afin d’être renseigné de la manière la plus précise sur la vraie situation politique et militaire. Je désire connaître aussi comment vous comptez former vos colonnes de façon à ne vous laisser prendre nulle part au dépourvu. Je vous prie enfin de me signaler ce qui, dans votre opinion, vous paraît possible ou impossible. Une fois fixé sur ces in)portantes questions, je vous communiquerai mes dernières instructions. »

Tout heureux, sans en être étonné, de l’intérêt chaleureux que le ministre prenait à ses vues, le général Randon lui avait complaisamment fait part de ses combinaisons et développé ses plans lorsqu’il reçut, le 9 mars, ces dernières instructions qui lui étaient annoncées, mais dont il n’avait certes pas prévu le tour : «C’est le moment, lui écrivait, à la date du 3 mars, le ministre, c’est le moment de parler de la direction générale des opérations importantes qui doivent être entreprises. J’apprécie trop votre caractère, et je pense que mes sentimens à votre égard sont trop bien connus, pour ne pas aborder cette question avec franchise. L’intention de l’empereur est que l’expédition soit dirigée par un maréchal de France ;