« Quoique le Sebt des Beni-Yaya soit la position dominante de la contrée et le nœud d’où s’échappent les divers contreforts des Beni-Fraoucen, desBeni-Raten, des Béni Menguellet, des Beni-bou-Youcef et des Beni-Yaya, l’influence de son commandement, à cause des pentes abruptes de chacun de ces contreforts, ne pouvait pas s’étendre fort loin. Aussi fallait-il s’attendre à livrer autant de combats qu’il y avait de confédérations répandues autour de la position. Le gouverneur-général le prévoyait. »
En effet, cette position pittoresque était un guêpier. La journée du 16 fut tranquille ; mais le lendemain matin, le campement se réveilla cerné. Il fallut faire face, Mac-Mahon à l’est, Camou à l’ouest; et, du matin au soir, ce ne furent que pointes, retraites et retours offensifs. Les affaires les plus chaudes eurent lieu dans les villages de Taourirt et d’Aguemoun-Yzen. Du dernier le général Bosc eut de la peine à revenir, parce qu’il y avait à franchir un ravin profond et boisé. En somme, le corps expéditionnaire eut dans cette journée 39 morts et 218 blessés.
Les deux jours suivans, un brouillard épais fit trêve à la lutte; elle reprit, le 20, avec fureur. Les Kabyles étaient rentrés dans Taourirt ; ils avaient fait tout autour des abatis de gros arbres et construit des retranchemens en pierres sèches ; toutes les maisons étaient crénelées. Contre cette sorte de forteresse défendue par plus de 3,000 combattans, le gouverneur ne réunit pas moins de huit bataillons. Quand elle eut été forcée, malgré la plus vive résistance, on se porta sur les autres villages des Béni-Menguellet; tout fut brûlé, sapé, rasé, maisons, vergers, jardins; la destruction fut impitoyable; mais aussi, quand les troupes de la division Camou se mirent en retraite, les Kabyles s’acharnèrent après elles. Le nombre des morts, du côté des Français, fut de 39, et celui des blessés de 105.
Comme les Beni-Menguellet avaient le plus souffert, ils furent les premiers à réfléchir. Les ouvertures dont ils prirent l’initiative furent accueillies ; ils payèrent une contribution de guerre, livrèrent des otages et s’engagèrent à renvoyer les contingens étrangers à leur confédération. Les Beni-Raten imitèrent leur exemple. Le 25 juin, les entours du bivouac étaient redevenus si paisibles qu’un officier du poste de Dra-el-Mizane put arriver au Sebt ayant pour toute escorte un cheikh de village. Le lendemain, le corps expéditionnaire descendit au Boubehir et s’y reposa pendant deux jours avant d’aller rendre aux Beni-Hidjer la visite qui leur était due.
Ils l’attendaient assurément, car ils ne firent aucune démarche pour la prévenir, et quand on entra chez eux, on trouva qu’ils avaient tout préparé pour lui faire honneur. En effet, la réception fut chaude; on se battit le 30 juin, le 1er, le 2 juillet. Il y avait