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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/598

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aussi original qu’attachant. Une superficie quintuple de celle de Paris, avec une population de plus de 4 millions d’âmes, une multitude d’autorités de tout genre et de tout degré, enchevêtrées, juxtaposées, superposées, conservant leur personnalité, leur volonté, leurs ressources, vivant d’une vie intense qui rappelle cette agitation des marchés asiatiques où affluent les représentans et les produits de vingt peuples, associations libres, vestries, districts, commissions centrales poursuivant leur mouvement compliqué, la cité de Londres subsistant au milieu de la métropole, comme une institution gothique et fossile selon les uns, comme la gardienne de la souveraineté de la commune, affirment les autres ; une telle vision a de quoi nous étonner au premier abord. Les arbres empêchent de voir la forêt, cette nuée de détails confond nos imaginations, nous crions au chaos. Sans compter que les bornes de la métropole diffèrent selon les objets que l’on considère, et qu’on pourrait tracer sur la carte sept cercles concentriques limitant comme sept villes distinctes. La police seule embrasse dans son domaine toute la capitale, avec ses 4,447,000 habitans. Puis viennent, se resserrant de plus en plus, la Poste, le Metropolitan Board of Works, le London School, la cour centrale criminelle, le cercle des tables de recensement, celui des bourgs parlementaires, enfin la cité.

A la base des autres pouvoirs, j’ai nommé la paroisse, circonscription territoriale déterminée par la coutume : son assemblée, le vestry, se compose de tous les habitans qui paient la taxe des pauvres, chaque contribuable jouissant d’un nombre de voix proportionnel au chiffre des impôts, sans toutefois pouvoir dépasser le nombre de six : est éligible tout contribuable inscrit à la taxe des pauvres pour un revenu supérieur à quarante livres (1,000 francs). Gratuité des fonctions, renouvellement par tiers, ministres et officiers de paroisses membres de droit du vestry, ces règles s’appliquent aussi aux trente-huit districts londoniens, divisions administratives du second degré, formées par la réunion d’un groupe de paroisses. On compte plus de 3,000 vestrymen qui prennent part à l’administration de la capitale. Bien que des actes successifs du parlement aient singulièrement aminci leur domaine, ils ont encore les funérailles, les bains et lavoirs, la voirie locale, le service et le budget des églises, les petits égouts, le pavage, l’éclairage, la surveillance des maladies épidémiques... L’act de 1888 ne restreint nullement leurs attributions.

Au-dessus d’eux plane le bureau métropolitain des travaux, qui répond assez bien à notre préfecture de la Seine. Constitué en 1858, composé de quarante-six membres élus pour trois ans par la cité, les districts et les paroisses, chargé d’abord des grands travaux,