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une commission qui siège dans la Métropole, mais, au lieu de supprimer le privilège, il se contente d’en prendre la part nécessaire pour exercer sa surveillance et remet le surplus aux intéressés. Loin de se heurter dans des froissemens continuels, tous ces pouvoirs se meuvent dans leur sphère propre, excèdent rarement leurs limites. Pourquoi? Parce qu’ils restent soumis à un contrôle supérieur, celui de l’autorité judiciaire, à laquelle la chambre des communes, donnant le plus salutaire exemple, confie le soin de prononcer sur les élections contestées de ses membres.

La bureaucratie anglaise a gagné du terrain depuis quarante ans ; on a centralisé l’administration des pauvres, amoindri les privilèges des corporations, mais cette centralisation diffère profondément de la nôtre, puisque la plupart du temps les commissions instituées par le parlement se recrutent par l’élection. « L’administration est comme un sable sur lequel marchent les individus ; ce n’est pas une montagne qui les domine. Les petites forces provinciales sont pareilles à des sources éloignées les unes des autres : il n’y a pas de fleuves où elles aillent se mêler et se perdre. Les deniers des comtés, des villes ne passent point d’abord par les mains des collecteurs de l’état. » On pourrait définir l’autorité : une chaudière d’eau bouillante dont le self-government est la soupape de sûreté : l’Anglais tient passionnément à cette soupape, sans laquelle la machine éclate trop souvent ailleurs, il n’admet pas la domination des bureaux prétendant à la direction suprême de toutes choses, cette influence occulte dont les innombrables fils, comme ceux de la toile d’araignée, sont tendus et courent dans tous les sens, selon l’expression de Gœthe. Il sait qu’il faut toujours dans un état la même quantité de pouvoir, mais que tout change selon qu’on la met dans le fonctionnaire ou dans le citoyen.

Pénétrons maintenant dans ce labyrinthe municipal de Londres (dans cette province couverte de maisons), dont l’organisme résume le génie national de l’Angleterre, où nous attend un spectacle