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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/610

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secondaire pour les garçons, ils comprennent dix-sept gymnases, deux realgymnases, sept realschule supérieures, en tout treize mille quarante élèves : ce qui représente les deux tiers de la clientèle totale de l’enseignement secondaire des garçons à Berlin, l’autre tiers se partageant entre les établissemens royaux et privés. On sait qu’il n’y a pas d’internat en Allemagne : d’où une diminution sensible des dépenses d’établissement des collèges.

La coutume prussienne confère au magistrat le patronat des églises évangéliques, c’est-à-dire le droit de gérer leurs biens, de pourvoir aux places vacantes, avec le devoir de subvenir à leurs besoins. A la suite de certaines difficultés, une loi de 1876 permit aux églises de Berlin, réunies en synode, de se créer des ressources personnelles au moyen de taxes prélevées sur leurs fidèles ; elles en ont profité pour instituer un impôt additionnel à l’impôt sur le revenu, qui, en 1884, a rapporté plus de 350,000 francs. Cependant la municipalité n’a pas renoncé à leur fournir des subsides, afin sans doute de conserver un patronat auquel elle ne pourrait plus prétendre si elle en répudiait les charges.

Dans l’ordre judiciaire, la constitution de 1879 a établi une sorte de juridiction arbitrale analogue à celle des juges de paix en France ; il n’existe pas moins de cent quatre-vingt-dix tribunaux de ce genre à Berlin, et, bien qu’en principe l’institution dépende du gouvernement, en fait le magistrat détermine les circonscriptions arbitrales, tandis que l’assemblée municipale désigne les titulaires qui reçoivent ensuite la confirmation royale. Remarquons aussi que, jusqu’à présent, c’est la municipalité qui représente les intérêts commerciaux et industriels de la cité, en attendant une résurrection du système corporatif, que favorise le pouvoir depuis 1869; elle qui préside à la mise en vigueur du nouveau régime établi en Allemagne pour les caisses de secours mutuels, qui dirige les caisses d’épargne, elle enfin qui a eu la plus large part d’initiative dans la création de l’institut de crédit foncier, association de propriétaires formée en vue de substituer, dans les emprunts hypothécaires, le crédit collectif au crédit individuel. Fondé en 1868, l’institut comprenait, en 1884, onze cent cinquante-trois immeubles, sur lesquels on a emprunté 75 millions de francs.

A Berlin, la police locale, aussi bien que la police générale, appartient à l’état, en vertu d’une loi de 1850 qui autorise cette main-mise dans toutes les villes importantes. Le gouvernement rétribue le personnel, la municipalité paie les autres frais, sans aucun droit de discussion ni de contrôle. Toutefois, les alignemens, la police de la voie publique, celle du drainage des maisons dans les rues pourvues d’égouts, ont été abandonnés à la commune depuis treize ans ; enfin, dans les autres branches que l’état a conservées, et