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treize de filles, constituant une agglomération de 1,300 enfans. Vienne supporte une dépense annuelle de 6 millions pour l’enseignement primaire, et, si l’on déduit les frais de premier établissement ainsi que le loyer des immeubles, on obtient une dépense d’à peu près 60 francs par élève, comme à Berlin. Une partie de l’enseignement secondaire relève de la commune : en 1884, les collèges municipaux contenaient 2,068 élèves, avec une dépense de 650,000 francs et 110,000 francs seulement de recettes.

Un certain nombre d’églises demeurent inféodées au patronat municipal, la ville ayant le droit de présentation pour les cures et la charge d’entretien des édifices. Celle-ci fait encore pour le compte de l’état, et sans rétribution, la perception des impôts directs, le recrutement militaire, le service des prisons, l’état civil. Enfin, le magistrat est, en premier ressort, l’agent d’exécution des lois qui régissent le commerce et l’industrie ; il surveille la constitution des sociétés de patrons, des syndicats ouvriers et cherche à favoriser la résurrection du système corporatif, vers lequel le gouvernement s’efforce de diriger le monde des travailleurs.

Pour faire face à ses charges, la municipalité dispose d’un budget ordinaire d’environ 26 millions, et sa dette absorbe déjà 8,500,000 francs. Ce budget s’alimente surtout par des impôts de consommation, des centimes additionnels aux impôts de l’état, des centimes spéciaux sur les loyers ; la ville prend un sixième des produits de l’octroi, qui rapportent en bloc près de 17 millions, un huitième de l’impôt sur le revenu, qui existe en Autriche depuis 1849. En fait, les impôts directs de l’état et de la commune pèsent lourdement sur la population, car ils absorbent 48 pour 100 du revenu des maisons.

Le système électoral repose sur le principe de la représentation des intérêts et des trois classes. Les électeurs se partagent en trois catégories, dont chacune nomme 40 conseillers municipaux : la première se composant des citoyens qui paient 1,000 francs d’impôt foncier ou 200 francs d’impôt sur le revenu ; la seconde comprenant les propriétaires fonciers qui paient 20 francs au moins ; la troisième, les citoyens, qui versent 20 à 200 francs d’impôt sur le revenu. En tout, 30,000 électeurs; Berlin en compte près de 155,000. Le système des trois classes prévaut aussi pour le Reichsrath et le Landtag ; toutefois, dans les élections du Landtag, le cens vient d’être abaissé au chiffre de 10 francs d’impôts directs. Insensiblement on s’achemine vers la démocratie, qui, partie de la France, est en train de faire son tour du monde; mais la grande majorité repousse encore le suffrage universel, ne voyant en lui que la multiplication des imbéciles par les fripons, prête à répéter les paroles de cet orateur anglais : « Nous faisons un saut dans