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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/64

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française que l’aîné, Mohammed, fut institué par le général Herbillon kaïd du Zouagha.


II.

Quand, vers la fin du mois de septembre 1848, le général Charon prit possession du gouvernement de l’Algérie, les dernières troupes, qui venaient d’opérer sur les divers points où l’ordre avait été momentanément troublé, rentraient dans leurs cantonnemens. Diminuée d’un certain nombre de corps qui avaient été rappelés en France, l’armée d’Afrique, au 1er janvier 1849, se composait de 46 bataillons, de 28 escadrons, de 21 batteries; en y ajoutant les détachemens du génie et du train des équipages, les tirailleurs indigènes et les spahis, l’effectif était de 2,742 officiers, de 73,929 hommes de troupe, de 12,000 chevaux et de 4,500 mulets.

Les instructions données par le ministre de la guerre au gouverneur-général lui recommandaient de s’abstenir autant que possible d’opérations trop étendues et de se borner à des tournées de police, destinées surtout à hâter le recouvrement des contributions en retard et des impôts courans. C’eût été à merveille si les indigènes n’eussent pas forcé le gouverneur et ses lieutenans à transgresser, bon gré mal gré, les instructions du ministre. Au printemps de 1849, une fièvre d’agitation, beaucoup plus intense qu’en 1848, se propagea parmi les populations d’un bout du pays à l’autre; mais il n’y avait plus ni un Abd-el-Kader ni même un Bou-Maza pour coordonner jusqu’à un certain point leurs efforts. Au lieu d’une révolte générale, il n’y eut que des insurrections partielles. Les foyers principaux, allumés, excités, entretenus par des chérifs et des marabouts, étaient signalés, d’une part, au sud-ouest, sur les confins du désert, de l’autre au nord-est, autour de la Kabylie.

Sur le premier point, l’agitateur était Sidi-Cheikh-ben-Tayeb, chef vénéré de la grande tribu dont il portait le nom. Enflammés par ses prédications, les nomades de la région des Chotts, les Hamyane, avaient quitté leurs campemens, tué leur kaïd, qui voulait s’opposer au mouvement, et s’étaient groupés autour du marabout provocateur. Il était à craindre que la fidélité des tribus soumises qui s’étaient repliées au nord, entre le Tell et les Hauts-Plateaux, ne fût tôt ou tard ébranlée par l’exemple et ne cédât à des menaces et même à des commencemens de razzia. Dans ces conjonctures, le général Pélissier, commandant la province d’Oran, n’hésita pas. Autorisé par le gouverneur, qui n’hésita pas davantage, il organisa deux colonnes, l’une à Mascara, sous son commandement personnel, l’autre à Tlemcen, sous les ordres du général de Mac-Mahon,