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d’un fonds de réserve pour parer aux déficits qui peuvent résulter, dans certaines années, de l’insuffisance de la crue du Nil. — Organisation des ressources de la trésorerie ; le gouvernement devra, si elle est organisée, réclamer l’impôt au moment où les contribuables pourront plus aisément le payer, sans s’occuper de leurs échéances à date fixe. — Institution d’une juridiction indépendante devant laquelle seraient portées les réclamations en matière de contributions. — Organisation judiciaire protégeant efficacement les indigènes contre un abus d’autorité. — Suppression des taxes d’un produit minime et leur remplacement par une augmentation de l’impôt foncier. — révision de cet impôt ; rôles annuels établis au moyen d’un cadastre. — révision des droits de douane et du mode de perception de l’impôt sur le tabac et le sel. — Réglementation du droit de prise d’eau dans les canaux d’irrigation. — Réglementation du mode d’exécution des travaux publics; suppression de la corvée pour tout travail déclaré d’utilité publique. — Réglementation du service militaire ; limitation de la durée du service et recrutement par voie de tirage au sort.

Et c’est tout. Un pays de barbares voulant s’organiser à l’européenne n’eût pas exigé un plan de réformes plus complet.


IV. — ABANDON DES PROPRIÉTÉS KHEDIVIALES ET PRINCIÈRES AUX CRÉANCIERS. CHUTE ET EXIL D’ISMAÏL.

Au moment où ce projet était remis entre les mains d’Ismaïl-Pacha, le gouvernement égyptien devait à divers débiteurs la quantité énorme de 157 millions de francs. La commission d’enquête demanda au khédive d’affecter à la liquidation de cette somme toutes les propriétés immobilières de la famille khédiviale, les daîrahs, et la formation d’un ministère dans lequel figureraient deux ministres étrangers, l’un Français, l’autre Anglais. Avec une humilité qui dut paraître suspecte à bien des esprits, le khédive se résigna en ces termes : « Au lieu d’un pouvoir personnel, disait-il, principe actuel du gouvernement de l’Egypte, je veux un pouvoir qui imprime une direction générale aux affaires et qui trouve son équilibre dans un conseil des ministres. En un mot, je veux dorénavant gouverner avec et par mon conseil des ministres. »

En vertu de ce qui précède, M. Rivers Wilson fut nommé ministre des finances, et notre compatriote, M. de Blignières, ministre des travaux publics. Un service de contrôle qui existait depuis plusieurs années, et dont notre agent, M. de Blignières, faisait partie, fut supprimé. Mais il fut convenu que, dans le cas où l’un des deux ministres européens du nouveau cabinet, Français ou Anglais, serait