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LES
MÉMOIRES D’ERNEST II
DUC DE SAXE-COBOURG-GOTHA

Le deuxième volume, des Mémoires du duc Ernest II, qui va de 1851 à 1859 et des conférences de Dresde jusqu’à la fin de la guerre d’Italie, n’est ni plus ni moins intéressant que le premier[1]. Ce gros volume in-8o de 540 pages renferme quelques documens qui ont de la valeur, quelques anecdotes curieuses, quelques récits et quelques jugemens bons à retenir; mais il y a bien de la bourre, un peu de fatras. L’auteur a trop fouillé dans ses archives, dans ses portefeuilles ; il n’a pas fait son choix, son triage; il attache trop de prix au moindre de ses petits papiers. Ses projets, ses programmes de circonstance, ses espérances et ses déceptions, ses négociations avortées, ses règlemens pour une société littéraire et politique qu’il voulait instituer, tout ce qui se passa dans sa tête et ne s’est passé que là, il ne fait grâce de rien au lecteur. Que M. de Bismarck écrive ses mémoires, qu’il nous raconte par le menu tous les rêves de sa jeunesse, nous ne nous plaindrons jamais qu’il en dise trop : il a marqué de sa griffe tous les grands événemens de ce temps, et ses rêves sont devenus de l’histoire. Le duc Ernest II n’a pas eu le bonheur de réaliser les siens; l’Allemagne qu’il voulait faire n’est pas celle qui s’est faite, rien n’est arrivé comme

  1. Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, Herzog von Sachsen-Coburg-Gotha. Zweiter Band. Berlin, Verlag von Wilhelm Hertz, 1888. (Voyez la Revue du 1er janvier 1888).