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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/879

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plus régulier des hauts-fourneaux, en même temps qu’il réalisait une économie de combustible variant de 16 à 30 pour 100. James Baird connaissait Nielson et s’intéressait à ses travaux ; il lui vint en aide pour les mener à bien, et Nielson, reconnaissant d’un concours décisif au moment critique, s’acquitta vis-à-vis de son compatriote en lui concédant le privilège d’utiliser sa découverte dans l’usine que James Baird faisait construire à Gartsherrie, à frais communs avec ses frères.

L’hésitation des maîtres de forges à employer le procédé de Nielson en lui payant une royailty annuelle et leur répugnance à modifier leur outillage ne contribuèrent pas peu au succès de James Baird. Convaincu de la supériorité du système de son ami, il poussa activement la construction de son usine, et, dès le début de ses opérations de fonte, réalisa de gros bénéfices. Quand, éclairés par son exemple, les maîtres de forges se décidèrent à l’imiter, Nielson exigea d’eux une royalty plus élevée que celle qu’il demandait avant que l’usine de Baird eût démontré l’excellence de son procédé, et Baird fît ainsi du même coup la fortune de Nielson et la sienne propre, pouvant, affranchi de toute redevance, livrer ses produits à un prix notablement inférieur à celui de ses concurrens.

Mineur, puis manufacturier, il devint par surcroit inventeur. Frappé de la déperdition de gaz et de calorique que ses hautes cheminées laissaient échapper, il eut l’idée d’une coupole qui renvoyait ces calories alimenter son courant d’air chaud. Le succès répondit à son attente ; il prit un brevet, exploita son invention, et ajouta à ses profits divers le tribut que durent lui payer ses rivaux. En 1840, James Baird possédait déjà une fortune énorme, alimentée par quatre sources distinctes de revenus : ses mines de houille, ses mines de fer, ses usines et son brevet. Chacune d’elles eût suffi à l’enrichir ; il en ajouta une cinquième. Il ambitionnait d’attacher son nom à un fer nouveau, d’obtenir, par des alliages de minerais, un produit supérieur à ceux en usage. Ses nombreuses mines lui fournissaient des qualités diverses de minerais, depuis le fer oligiste et l’hématite rouge jusqu’au fer spathique et au fer oxydulé. Il possédait les mines et les hauts-fourneaux de Lugar, d’Églinton, de Portland et Blair, celles de Muirkirk, dont il devait décupler la production. Il acheta encore celles de Whitehaven et d’autres dans le Cumberland ; et, après de nombreux essais, réussit à produire le fameux fer de gartsherrie, auquel sa qualité supérieure assure un prix régulier que n’affectent pas les fluctuations du marché.

La mort successive de ses frères laissa Jambes Baird seul propriétaire