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J’aime seulement à croire qu’ils ne pousseront pas la fureur des anniversaires jusqu’à célébrer celui des 5 et 6 octobre. Si d’ailleurs, à un autre point de vue, celui de la composition, nous aurions souhaité que le livre de M. Hippolyte Gautier fût allégé de quelques pages, au moins dans sa première partie, c’est une opinion personnelle, et qui pourra n’être pas celle de la plupart de ses lecteurs. On y remarquera surtout, et les amateurs y apprécieront, la fidèle reproduction d’un grand nombre de caricatures, devenues historiques, et qu’il était presque aussi difficile de se procurer que les. innombrables brochures qui ont précédé, accompagné ou immédiatement suivi la convocation des états-généraux.

Ceux qui seront curieux d’achever leur cours d’histoire en auront cette année les moyens. S’ils veulent se renseigner sur l’ancienne France, ils liront dans la collection Didot deux excellens volumes, l’un Sur la Justice et les Tribunaux, l’autre sur la Marine et les Colonies sous l’ancien régime, tous les deux heureusement et même presque luxueusement illustrés. Ils y pourront joindre une curieuse Histoire de l’École navale et des Institutions qui l’ont précédée[1], dont l’auteur n’a point dit son nom, et c’est dommage, parce que la partie purement historique du livre est aussi savamment traitée, que la partie actuelle, si l’on peut ainsi dire, en est spirituellement présentée. Et s’ils veulent enfin venir jusqu’à nos jours, voici les Deux France[2], de M. de Lescure, où, sous le couvert d’une fiction facile et légère, ils verront se dérouler ce que Voltaire appelait les « anecdotes et particularités » de l’histoire contemporaine, depuis les premiers jours de la révolution jusqu’à l’année 1888 elle-même. On sait le charme habituel des livres de M. de Lescure, ce qu’ils mêlent ensemble d’agrément et de solidité, le profit qu’on y fait toujours, avec le plaisir qu’on y prend. Qui sait plus de choses que M. de Lescure? et, non sans un peu de préciosité quelquefois, qui les raconte plus ingénieusement? Tous les mérites qui sont les siens, on les retrouvera dans les Deux France; et parmi les livres d’étrennes de cette année, nous serons bien trompé, et le public aura tort, si celui de M. de Lescure n’est pas l’un des mieux accueillis.

Nommons encore, au nombre des livres d’histoire, et avec l’ennui de n’en pouvoir ici mentionner que le titre : la Guerre de Crimée[3], par M. Gustave Marchal, et la Retraite infernale[4], par M. Emond Deschaumes, tous les deux illustrés par M. Quesnay de Beaurepaire. Est-ce que ce dernier titre n’est pas un peu déclamatoire? Mais l’espace que nous prendrions pour justifier ou expliquer ce point d’interrogation,

  1. Quantin, 1 vol. in-8o.
  2. Ducrocq, 1 vol. in-8o.
  3. Firmin-Didot, 1 vol. in-8o.
  4. Firmin-Didot, 1 vol. in-8o.