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Emprunt garanti. — Le dernier emprunt contracté par le gouvernement est l’emprunt garanti par les puissances conformément à la convention du 18 mars 1885. Il a été émis, en vertu d’un décret du 28 juillet 1885, au taux de 3 pour 100 du capital nominal ; le prix d’émission a été fixé à 95 1/2 pour 100. Le montant nominal de 235,600,000 francs a produit une somme effective de 224,998,000 francs, destinée à faire face, avec certains fonds de liquidation de 1880 restant disponibles, aux indemnités dues par suite de l’incendie d’Alexandrie en 1882 (106 millions de francs ! ), puis au règlement du déficit de 1885 et des années antérieures, aux travaux d’irrigation, à l’indemnité pour rachat de pensions, puis enfin aux fonds réservés pour le service de la trésorerie. Une annuité fixe de 7,875,000 fr. est affectée au paiement des coupons et de l’amortissement ; cette annuité est prélevée comme première charge sur les revenus affectés au service des dettes Privilégiée et Unifiée.

Au 31 décembre 1887, il restait à amortir 230 millions nominaux.

La convention du 18 mars 1885 avait établi sur les coupons de la Privilégiée, de la Daïra, de l’Unifiée et des Domaines, un impôt de 5 pour 100 à percevoir sur les semestrialités venant à échéance en 1885 et 1886, et qui devait être remboursé aux porteurs de titres, si les revenus affectés et non affectés des exercices 1885 et 1886 donnaient un excédent de recettes. Cet impôt a été remboursé au commencement de 1887. Cette même convention a, en outre, suspendu l’amortissement des dettes Privilégiée et Unifiée, plus l’amortissement annuel de 1,620,500 francs de l’emprunt domanial. Toutefois, si les revenus affectés aux dettes Privilégiée, Unifiée, Garantie, et les revenus non affectés, laissent un excédent après paiement de toutes les dépenses, la moitié de cet excédent doit être appliquée d’abord à l’amortissement de l’emprunt garanti, jusqu’à concurrence de 2,500,000 francs, et puis ensuite à l’amortissement des dettes Privilégiée, Unifiée et Domaniale.

J’en ai fini avec l’historique aride, mais instructif, de toutes ces dettes, de tous ces emprunts, et il ne me reste plus qu’à aborder le budget égyptien de l’année présente. Avant d’y loucher, je veux faire remarquer que, même en avril 1881, au lendemain de 1 avènement du khédive actuel, l’Égypte offrait encore assez de garantie pour emprunter ce qu’elle eût voulu, et dans son propre pays, en quelque sorte. J’ai, en effet, sous les yeux, un acte passé entre son excellence Riaz-Pacha, alors ministre des finances, et la Banque ottomane représentée par M. A. Fredirici, son agent en Égypte, acte par lequel ladite banque ouvrait un compte courant à ce ministre de 125 millions de francs. Elle s’engageait à payer le tribut dû à la Sublime-Porte par le gouvernement khédivial, ainsi que les intérêts dus sur