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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 décembre.

Encore une année révolue, encore une étape franchie après tant d’autres ! C’est l’heure où, par une sorte de mouvement instinctif, on tourne un dernier regard vers le passé d’hier, comme pour se rendre compte une dernière fois de la route qu’on a parcourue, de tout ce qu’on a laissé en chemin. C’est aussi l’heure des souhaits pour un avenir qui reste un mystère, qui à son tour ira bientôt, jour par jour, se confondre dans le passé.

Quel sera cet avenir ? que nous réserve, que réserve à la France cette année qui va commencer, dont nous ne pouvons saluer l’aurore sans une secrète anxiété ? Il est certain qu’à ce moment de transition tout est singulièrement confus, qu’une rare fatalité s’est plu à rassembler tous les contrastes dans ce court espace de quelques mois qui est devant nous. C’est l’année des fêtes qu’où nous promet, de la commémoration, à un siècle de distance, d’un des plus grands événemens de l’histoire, d’une exposition universelle ouverte à toutes les œuvres de la paix ; c’est aussi l’année des élections générales, des agitations aggravées par l’obscurité des choses, des conflits passionnés entre des partis irréconciliables, d’une crise déclarée dans les institutions, dans le régime, dans la politique tout entière de la France. La coïncidence est au moins étrange ! Ce qui sortira de là, ce que sera cet avenir de demain, nul ne peut sans doute le dire. La vérité est que tout ce qui peut arriver aujourd’hui n’est que la suite du passé d’hier, de cette année qui s’achève, qui a si bien préparé les fêtes du centenaire et de l’exposition. Elle avait commencé par une crise de déconsidération pour tous les pouvoirs. Elle s’est traînée à travers les incertitudes et les conflits, les querelles et les défis, sans qu’il y ait eu un effort