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remonte dans chaque corps, les mêmes commissions d’achat étant chargées d’explorer les mêmes régions, de pourvoir les mêmes dépôts, et ceux-ci de fournir aux besoins des mêmes régimens ; 3° la possibilité pour chaque corps de se de faire des animaux qui semblent insuffisans ; 4° le dressage méthodique et prolongé pendant deux ans que subissent tous les chevaux incorporés dans les régimens. Les exigences sont telles, sous ce rapport, que les lieutenans ayant droit à une monture gratuite ne peuvent choisir un cheval de moins de sept ans et qui n’ait pas suivi, dans un escadron, le cours complet du dressage réglementaire.

L’examen des conditions dans lesquelles se remontent les officiers des différentes armes et les fonctionnaires militaires est particulièrement instructif. Pour propager le goût et la connaissance du cheval, le commandement estime qu’il ne saurait y avoir de moyen plus efficace que de développer chez les individus le sentiment de la propriété et l’intérêt : celui de l’état n’en est que mieux sauvegardé. Des indemnités suffisamment rémunératrices assurent aux officiers des avantages proportionnels aux soins dont ils entourent leurs montures.

Il est fait une distinction essentielle, au point de vue des droits à la remonte, entre les officiers qui ont à se servir du cheval comme instrument de combat et ceux qui en font usage comme simple moyen de locomotion. C’est ainsi que les payeurs des régimens de cavalerie perçoivent une indemnité de remonte inférieure de moitié à celle des lieutenans de même arme. Enfin, les quelques chiffres suivans expriment mieux que tout commentaire l’opinion qui a cours dans l’armée allemande sur la remonte des non-combattans en temps de paix. Aucun vétérinaire de l’armée allemande n’est monté. Le nombre des rations prévues au budget pour les chevaux des membres du corps de l’intendance est de trente-six[1], soit deux chevaux par corps d’armée. Un même nombre de rations est attribué aux membres du corps de santé pour leurs montures.


III

Pour bien connaître l’histoire des haras en France, il faut remonter à la féodalité. Les grands seigneurs, toujours en guerre ou à la chasse, avaient un grand intérêt à améliorer l’espèce de leurs chevaux. Il y avait entre eux rivalité : c’était à qui aurait les vassaux les mieux montés. La noblesse anglaise est encore aujourd’hui en possession de ces anciens usages, avec cette différence qu’elle élève

  1. En France, ces fonctionnaires ont droit à 718 chevaux.