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du ministère de l’instruction publique, il en existe d’autres qui sont indépendantes et d’une importance réelle pour notre influence en Orient, car elles sont presque toutes dirigées par des compatriotes. Cette diffusion de notre langage dans les diverses classes de la population égyptienne par un corps enseignant obscur, mais français, combattra plus sûrement la politique d’intrusion anglaise que la diplomatie et la force des armes. Elle nous est d’autant plus nécessaire en ce moment, qu’en raison de l’intervention étrangère au Soudan, le fanatisme musulman se réveille plus intolérant que jamais. Les troubles signalés à Damas et dans d’autres villes de Turquie ont là leur cause et leur origine. Qu’on y prenne garde : la protection de nos nationaux ne semble plus garantie dans ces parages comme elle le fut autrefois.

L’alliance française, fondée à Paris il y a peu de temps, a son école à Assiout, ville importante de la Haute-Egypte. Gréée il y a six mois par le comité du Caire, elle compte déjà 150 élèves. On ne s’y occupe que de la culture intellectuelle des enfans, presque tous coptes; les parens seuls auront à s’occuper de l’enseignement religieux.

Les frères des écoles chrétiennes ont quatre établissemens dont deux sont fort importans. Celui d’Alexandrie, en y comprenant la succursale de Ramleh, reçoit 800 enfans, parmi lesquels 50 musulmans et 30 coptes. Les autres élèves appartiennent aux diverses nationalités qui sont représentées à Alexandrie. Au Caire, l’école des mêmes frères, fondée depuis environ vingt-cinq ans, compte 700 élèves, parmi lesquels se trouvent une centaine seulement d’indigènes. les autres disciples appartiennent aux nationalités les plus diverses : Français, Italiens, Grecs, etc. L’enseignement produit de bons résultats, mais on reproche aux directeurs de ne pas doter les enfans d’une instruction plus générale; le principal grief est celui de ne pas donner à l’enseignement de la langue arabe toute l’importance qu’elle comporte.

Les Jésuites ont aussi, au Caire, un collège dit de la Sainte-Famille, qui fut fondé en 1879. Il contient actuellement 180 élèves de toutes les. nationalités et de tous les cultes. Il y en a vingt de Français. L’établissement ne com( ite pas moins de vingt professeurs qui enseignent les sciences et les belles-lettres, le français, le latin, l’anglais et l’arabe. On y prépare pendant deux ans les élèves au baccalauréat égyptien, appelé baccalauréat d’équivalence. Il équivaut, en effet, à notre baccalauréat-ès-sciences. La rétribution est des plus élevées si on la compare à celle de l’école normale égyptienne, car elle n’est pas moins de 1,000 francs pour l’année scolaire.

Citons encore deux écoles, toutes deux laïques. L’une, fondée