Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/610

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de 46 délégués provinciaux ; un conseil législatif avec 28 conseillers, dont 12 sont nommés par le khédive sur la proposition des ministres et 16 élus par les conseils provinciaux ; un conseil provincial fonctionnant dans chacune des provinces d’Égypte et composé de quatre ou huit personnes, selon l’importance de la région, et enfin, dans chaque village, des conseils municipaux nommés à l’élection.

L’autonomie rêvée par Arabi, tant souhaitée par les pachas Chérif, Riaz et Nubar, semble s’être réalisée après avoir lu ce qui précède, mais il n’y a là qu’un mirage encore. Ce mirage s’évanouit devant les grandes administrations dont je donne ici la composition hétérogène, composition obligée, car il n’y a pas en Égypte assez d’hommes de valeur pour se substituer aux fonctionnaires européens qui les dirigent. Elles sont aux nombre de quatre : 1° caisse de la dette publique, dont j’ai fait connaître les attributions importantes, et qui est composée de six commissaires européens, représentant la France, la Russie, l’Italie, l’Autriche, l’Angleterre et l’Allemagne ; 2° chemins de fer, postes et télégraphes, port d’Alexandrie ; ces diverses branches de l’administration sont dirigées par un Français, un indigène et un Anglais. C’est notre compatriote, M. Timmerman, qui est à la tête des chemins de fer, et on ferait un volume des avanies qui lui sont faites pour l’obliger à abandonner ses fonctions ; 3° les domaines du khédive, des princes et des princesses, administrés par un Français, un Anglais et un indigène ; 4° l’administration de la dairah-sanich ou domaine de l’état, dirigée par M. Bouteron, un indigène et un Anglais.

Il est d’autres services qui, quoique secondaires, n’en ont pas moins une grande importance, et la preuve en est dans le cupide empressement que nos voisins d’outre-Manche ont mis à s’en emparer lorsque aussitôt après Tel-el-Kebir, l’Égypte était à leur merci. Anglais est le directeur-général des douanes; Anglais, le directeur des paquebots-poste; Anglais, l’administrateur des ports et des phares d’Égypte; Anglais, le chef du service militaire ; Anglais, le chef de la police ; Anglais, enfin, est le commandant en chef de l’armée égyptienne et la totalité des officiers supérieurs. Si son excellence Riaz-Pacha n’y met bon ordre, l’Égypte ne sera bientôt plus qu’une colonie anglaise, et son altesse Tewfik Ier un roi de Lahore quelconque.

Il est peut-être une raison qui fait que sir E. Baring, MM. Edgar Vincent et Moncrief, ce dernier directeur du service d’irrigation, se hâtent d’éloigner nos compatriotes des fonctions qu’ils occupent pour y mettre leurs créatures. C’est que, malgré tout l’ardent désir qu’a la Grande-Bretagne de se maintenir en Égypte, l’heure sonnera