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premières armes, en 1791, comme enseigne, puis lieutenant sous le général Saint-Clair, qui guerroyait sur la rive droite de l’Ohio contrôles Indiens. Sa brillante conduite dans la campagne de 1793, où le général Wayne vengea une défaite que les Peaux-Rouges avaient infligée à Saint-Clair, valut à Benjamin Harrison le grade de capitaine et le commandement du fort Washington (aujourd’hui Cincinnati), En 1797, le président Adams le fit lieutenant-gouverneur du territoire du Nord-Ouest, qui le nomma délégué au congrès en 1799. Lorsque le congrès eut organisé une partie de la région en territoire spécial sous le nom d’Indiana, Harrison en fut nommé gouverneur. Pendant treize ans, il fut maintenu dans ces fonctions par les présidens Adams, Jefferson et Madison. En 1811, il battit quelques centaines d’Indiens réunis sous les ordres d’un chef nommé le Prophète et, depuis ce temps, il fut en effet appelé le héros de Tippecanoe, nom du village où il avait été victorieux. Pendant la guerre contre les Anglais, il eut d’abord quelque peine à défendre l’Ohio ; mais, en 1813, après la victoire navale de Perry, sur le lac Érié, il passa sur la rive canadienne, en face de Détroit, et battit sur la Tamise le général Proctor et son allié, l’Indien Tecumseh, frère du vaincu de Tippecanoe. Cette victoire mit fin aux hostilités dans le haut Canada. Le congrès vota au major-général Harrison des remercîmens et le gratifia d’une médaille d’or commémorative de ce beau fait d’armes. Un démêlé avec le général Amstrong, secrétaire de la guerre, lui fit quitter le service au cours de la campagne de 1814. Dès lors il fut successivement membre de la chambre des représentans à Washington, sénateur de l’Ohio, sénateur fédéral, ministre des États-Unis dans la république de Colombie. Au retour de cette mission, en 1829, il vécut retiré dans son domaine de North-Bend, sur l’Ohio, à quelques milles au-dessous de Cincinnati, où naquit quatre ans plus tard son petit-fils, le president-elect. William-Henry Harrison n’était pas riche ; il n’avait pas profité de sa situation publique pour se constituer une fortune ; il dut, pour soutenir sa famille, accepter un emploi de greffier au tribunal du comté de Hamilton, et il l’occupait encore lorsqu’on vint le chercher, en 1840, pour en faire un président de l’Union.

Il mourut le 4 avril 1841, un mois après la cérémonie d’inauguration. Il laissait un fils et quatre filles et d’assez nombreux petits-enfans. L’un de ceux-ci, M. Benjamin Harrison, deuxième du nom, après avoir été élevé à North-Bend, sur la propriété de son grand-père, fit ses études à Oxford (état d’Indiana), à l’université Miami, où il passa avec succès les examens de sortie à dix-huit ans. Pauvre comme l’avait été William-Henry Harrison, il s’adonna à la profession