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réglementation de l’industrie des chemins de fer par le pouvoir fédéral), ont été votées, étendant l’action du gouvernement commun sur un domaine dont elle était naguère tenue rigoureusement écartée, et, cependant, la doctrine des droits réservés des états est autant que jamais en honneur. Seulement elle est aujourd’hui affirmée et soutenue dans un corps auguste où les républicains auraient pu supposer qu’elle rencontrerait des adversaires résolus, dans la cour suprême fédérale, dont tous les membres, sauf un, ont été nommés par des présidens républicains.

Tels ont été les traits principaux de la première administration démocrate que, les États-Unis aient connue depuis les temps de James Buchanan, qui fut le dernier président de l’ancienne Union, brisée par la guerre civile en 1861. Ils n’étaient pas de nature à faire regretter aux indépendans leur mouvement tournant de 1884. Il est un point cependant sur lequel M. Cleveland n’a pas donné toute satisfaction à l’attente des républicains dissidens qui lui avaient fourni l’appoint décisif de leurs suffrages. La question de la réforme administrative avait sans contredit pris le pas sur toutes les autres pendant la campagne présidentielle de 1884. C’est elle qui valut alors au candidat démocrate des dizaines de milliers de voix détachées du parti républicain et le faisait triompher, malgré la sécession en masse des Irlandais, entraînés par M. Kelly dans le camp de M. Blaine. C’est comme réformateur que M. Cleveland avait été élu. On comptait d’autant plus sur lui qu’il avait donné des gages suffisans par son énergique attitude à l’égard de la civil service reform lorsqu’il était gouverneur de l’état de New-York. Il devait, selon l’expression consacrée, nettoyer les écuries d’Augias, faire disparaître tous les anciens abus, purifier les mœurs administratives, et imposer partout, d’une main impitoyable, l’application stricte de la loi réformiste de 1883. Lui-même, le jour de l’inauguration de sa présidence, déclarait du haut du balcon du Capitole, le 4 mars 1885 :


Le peuple demande la réforme dans l’administration du gouvernement et l’application aux affaires publiques des principes en vigueur dans la gestion des affaires privées. Pour arriver à cette lin, il faut que la réforme du service civil soit exécutée de bonne foi. Nos concitoyens ont le droit d’être protégés contre l’incompétence de fonctionnaires publics ayant obtenu leurs places comme la récompense de services rendus à un parti, contre l’influence corruptrice des hommes qui promettent ces récompenses et contre les méthodes coupables de ceux qui cherchent à les obtenir. Quant aux candidats qui postulent honnêtement pour l’entrée dans les fonctions publiques, ils ont le droit