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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/891

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hommage en le qualifiant de Victorian Era, M. Allen Thorndike Rice, l’éminent directeur de la North American Review, manifeste « son admiration profonde pour cette petite île qui est placée à l’avant-garde de la civilisation, et qui domine sur un septième de la race humaine. » Il établit une comparaison élégante entre les progrès de l’Amérique et ceux de l’Angleterre pendant les cinquante dernières années. Comme tout bon gentleman anglo-saxon, M. Rice donne une allure de sport à son parallèle présenté sous ce titre : the Race for primacy, la course pour la primauté. Naturellement sa conclusion est en faveur de sa patrie ; il ne doute pas que le prix ne soit remporté par l’Amérique. Les paris sont ouverts.

Mais le point qui nous intéresse, ce n’est pas de deviner laquelle des deux nations sortira victorieuse de cette compétition de famille, ni de supputer les millions de dollars ou de livres sterling que l’une et l’autre auront ajoutés à leur capital. Il nous importe surtout de connaître les qualités morales et intellectuelles qui ont permis aux Américains d’élever un grandiose édifice social et de le conserver florissant jusqu’ici. Car les bonnes chances du hasard ne suffisent pas pour expliquer le succès. La démocratie s’impose aujourd’hui à tous les régimes. Encore faut-il savoir avec quelles difficultés elle doit compter et à quelles conditions seulement elle peut espérer de réussir.


Duc DE NOAILLES.