de l’ancienne Pologne et celle de la Russie moderne, il y a, en tout cas, une différence. Si grand que fût son zèle pour l’Union, la Pologne avait laissé subsister chez elle des orthodoxes non unis avec leurs églises, leurs confréries et leur clergé, tandis que la Russie a soigneusement effacé jusqu’au dernier vestige de l’Union. De par l’ordre du tsar, il ne saurait plus y avoir d’uniates. Leur église a été supprimée par oukaze, tout comme s’il s’agissait d’une préfecture.
L’Union avait été rayée du sol russe : il restait encore, sous Alexandre II, 260,000 uniates dans le royaume de Pologne, alors pourvu d’une administration distincte. Après l’insurrection de 1863, Milutine et Tcherkassky furent heureux de découvrir, au cœur de la Pologne lékite, un noyau de Ruthènes ou Malo-Russes ayant gardé le rite grec. C’était un point d’appui pour la politique de russification. Ces uniates du Transboug russe, entourés de catholiques latins, se montraient attachés à l’Union : on n’eut garde de l’attaquer de front. Le comte D. Tolstoï reprit la tortueuse méthode de Protassof. Ces derniers grecs unis avaient un évêque dévoué à Rome ; on l’éloigna. Ils avaient des moines, les basiliens, hostiles au schisme ; on ferma leurs couvens. Au contact des latins, ces uniates de Chelm (Kholm) avaient laissé s’introduire dans leurs églises quelques coutumes étrangères au rite grec : ils avaient des orgues, des sonnettes à la consécration, des bancs pour les fidèles ; ils portaient des scapulaires et des rosaires ; — Tout cela fut supprimé. On prétendait ramener leur rite à sa pureté primitive. Les églises des uniates une fois devenues pareilles aux tserkovs russes, on leur dit : « Nous avons mêmes églises, même liturgie ; nous devons avoir mêmes pasteurs et même foi. » Pour cette épuration des rites, on avait appelé de Galicie des prêtres ruthènes à tendances russophiles. Les paysans s’inquiétaient de ces changemens, qui, pour eux, étaient une innovation. « Nous voulons garder le culte de nos pères, » disaient-ils au gouverneur-général, le comte Kotzebue. On leur répondait que c’était le culte de leurs pères qu’on restaurait. Le fouet des Cosaques faisait taire les récalcitrans. En nombre de villages, on dut employer la troupe pour enlever les orgues ou les bancs ; en plusieurs, on fit feu sur les femmes qui défendaient l’entrée de leur église.
L’œuvre d’assimilation extérieure achevée, les prêtres les plus