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de 1878, réglant les questions de propriété de1 mines d’or, déclare ces mêmes étrangers incapables d’acquérir des concessions dans les nouveaux placera.

En Nouvelle-Galles, un act du 6 décembre 1881, en vue de diminuer l’afflux des Chinois, dispose : il ne pourra être importé qu’un Chinois par 100 tonneaux ; il sera levé une taxe de 10 livres par tête. Sont exceptés les Chinois résidant déjà dans le pays, ou naturalisés, ou fonctionnaires.

La colonie de Victoria a quatre ou cinq acts à son actif : le dernier, du 24 décembre 1881, est analogue à celui de la Nouvelle-Galles. — Dans l’Australie du Sud, un act du 18 novembre 1881 s’abrite derrière les mêmes prétextes fiscaux invoqués en Queensland. La taxe est de 10 livres et la proportion de 1 par 100 tonneaux ; mais l’act ne s’applique pas à l’immense territoire situé au nord de cette colonie et où le climat interdit à tout blanc de travailler. Là peuvent s’établir les Chinois dans un rayon de 1,000 milles à compter de la côte. — En Nouvelle-Zélande : droit de 10 livres, proportion de 1 par 100 tonneaux[1].

Telle était la situation légale faite au Chinois lorsque éclata l’agitation à Sydney, en mai dernier. Le nouveau bill introduit, le 16 mai, par sir Henry Parkes, disposait : l’act aura effet rétroactif remontant au 1er du mois ; la naturalisation est refusée au Chinois dorénavant ; chaque navire arrivant dans la colonie ne pourra avoir à bord plus d’un Chinois par 300 tonneaux ; la taxe est portée de 10 à 100 livres ; l’amende, en cas de fraude, est de 50 livres au lieu de 10. Les Chinois pourront se fixer et exercer leurs métiers dans des districts déterminés.

Cependant les Célestes, retenus en rade à bord de l’Afghan, s’étaient adressés aux tribunaux, qui avaient accordé à cinquante d’entre eux, munis des pièces nécessaires, des writs d’habeas corpus. Les juges déclarent unanimement que la détention à bord est illégale, personne que la reine n’ayant le droit d’exclure les étrangers du sol de la colonie. Les cinquante Chinois débarquèrent, mais un grand nombre d’immigrans durent reprendre la route de Chine sans avoir pu mettre le pied sur le sol australien.

Quoique parmi les colonies australiennes l’opinion fût loin d’être unanime à approuver la précipitation de sir Henry Parkes, l’idée de réunir une conférence intercoloniale pour discuter et régler la question d’un commun accord lit rapidement son chemin. La réunion a lieu à Sydney, et, vers le milieu de juin, les délégués adoptent un projet de bill uniforme dont la teneur est télégraphiée au gouvernement métropolitain ; suit l’expressiin du désir qu’à la

  1. Quarterly Review, july 1888.