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Les Deux-Sèvres avaient aussi et elles ont gardé leur chef-lieu à leur extrémité méridionale, et si Niort est plus peuplée que Fontenay, elle n’avait pas, près des populations, le prestige que donnait au premier chef-lieu du département de la Vendée le titre d’ancienne capitale du Bas-Poitou. Enfin, le territoire des Deux-Sèvres, comme celui de la Vendée, se partageait entre deux diocèses, et il avait même ce désavantage qu’il ne possédait les sièges d’aucun des deux évêchés. L’un était à Poitiers, l’autre à La Rochelle.

La portion de Maine-et-Loire qui s’étend sur la rive gauche de la Loire, au nord des départemens de la Vendée et des Deux-Sèvres, ne diffère en rien du bocage vendéen. Elle est moins isolée du chef-lieu du département, qui est aussi celui de l’ancienne province d’Anjou, mais elle relevait en grande partie d’un autre diocèse ; elle se rattachait, comme la moitié de la Vendée et des Deux-Sèvres, au siège lointain de La Rochelle.

Le bocage vendéen s’étend dans la Loire-Inférieure, comme dans les Deux-Sèvres et dans Maine-et-Loire. La Loire-Inférieure est aussi, dans sa région maritime au sud de la Loire, une extension du marais occidental de la Vendée. Ce marais, dans les deux départemens, est une conquête sur une même baie, la baie de Bourgneuf. Il s’est formé à la fois par les lais de mer (terrains abandonnés par la mer) et par les alluvions d’une foule de petits fleuves. Le marais méridional de la Vendée et des Deux-Sèvres a une origine semblable. Il en diffère en ce qu’il est séparé du bocage par une large plaine, tandis que le marais méridional confine directement au bocage. De là cette autre différence qu’un même esprit a pu animer, dans les départemens de la Vendée et de la Loire-Inférieure, le marais occidental et le bocage qui l’avoisine. L’esprit du marais méridional est, au contraire, celui de la plaine, et ces deux régions, dans les Deux-Sèvres comme dans la Vendée, sont restées en dehors des influences qui ont suscité l’insurrection royaliste et catholique de 1793.

La Loire-Inférieure offre plus d’unité, dans l’ordre administratif et dans l’ordre religieux, que les trois autres départemens auxquels elle a fourni un contingent pour la formation de la province de Vendée. Sauf un petit nombre de communes, elle est tout entière, dans son passé comme dans son état présent, terre bretonne et diocèse de Nantes. Toutes ses parties subissent d’ailleurs, depuis longtemps, l’attraction de la grande ville qu’elle a pour chef-lieu. Aussi n’est-elle guère vendéenne que par le souvenir de sa participation aux guerres de la Vendée. Celles de ses communes où ce souvenir est le plus vivant, comme Clisson et Machecoul, sont peut-être, pour le reste de la France, villes vendéennes plutôt que villes bretonnes ; mais c’est l’inverse pour elles-mêmes et pour leur