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tant sur le coût de quelques lignes que sur l’époque de leur achèvement et le point de départ des remboursemens de la part de l’État. Le crédit a donc dû être porté à 37 millions pour 1889, parce qu’on a transféré du ministère des travaux publics au ministère des finances les annuités relatives à 11 lignes dont les travaux sont terminés et les comptes définitivement réglés. En raison de l’abréviation de la période dans les limites de laquelle l’amortissement doit être effectué, les annuités deviennent plus fortes qu’on ne l’avait prévu. Jusqu’à ce que les comptes de toutes les lignes visées dans la loi de 1874 aient été complètement apurés il faut s’attendre à ce que ce crédit s’accroisse de 2 ou 3 millions par an, et arrive graduellement à 53 millions.

Les annuités dont il vient d’être parlé sont servies par le ministère des finances ; c’est le département des travaux publics qui fait le service des garanties d’intérêts concédées par les conventions de 1883. Ces garanties sont payées aux compagnies au moyen de fonds que l’État se procure par des émissions d’obligations. Les arrérages de ces obligations figurent seuls au budget ; mais ils s’accroissent d’année en année avec chaque nouveau paiement, et la progression menace d’être rapide. Le crédit nécessaire est monté, en effet, en trois années de 2 millions 1/2 à 11 millions 1/2 : il sera en 1890 de 17,500,000 francs. Les obligations émises de ce chef s’élevaient, au 1er  janvier 1889, à 338 millions : il est prévu, pour 1889, une émission de 75 millions et pour 1890 une nouvelle émission de 69 millions, et cela continuera ainsi tous les ans, chaque emprunt successif ajoutant à la masse du capital à servir et à l’importance des arrérages à inscrire au budget.

On fait valoir que ces paiemens aux compagnies ne sont que des avances qui devront être remboursées, et c’est le prétexte que l’on a pris pour mettre cette dépense en dehors du budget ordinaire où elle figurait jusqu’en 1884, mais qu’elle grevait trop lourdement. Cet argument serait plausible si l’on pouvait prévoir l’époque du remboursement, mais le niveau que les recettes nettes des compagnies doivent atteindre pour que les remboursemens commencent paraît de plus en plus éloigné. D’après les documens publiés par le ministère des travaux publics, le nombre des kilomètres de chemins de fer exploités, en 1882, était de 26.239 : la recette brute s’est élevée à 1,127 millions. Quatre ans v)vus tard, en 1886, le nombre des kilomètres exploités était de 31,213, soit une augmentation de 5,000 kilomètres : la recette brute n’a plus été que de l,036 millions, soit une diminution de 91 millions. On voudrait vainement ne voir dans cette diminution de la recette totale que l’effet passager d’un ralentissement momentané des affaires. La recette eût-elle été, en 1886, égale à ce qu’elle avait été en 1882,