Les crédits relatifs à l’instruction primaire monteront au minimum à 194 millions. Si on y ajoute les 25 à 30 millions qui sont à la charge des départemens et des communes, M. Antonin Dubost qui, en 1884, dans son rapport sur le ministère de l’instruction publique, exprimait l’espoir qu’avant dix ans les crédits pour l’enseignement primaire atteindraient 250 millions, c’est bien près de voir son vœu se réaliser.
Noms arrivons maintenant à un ordre de dépenses sur lequel jusqu’ici l’attention du public et du parlement ne s’est pas suffisamment arrêtée, et qui ne tardera pas à faire peser sur le budget une charge assez considérable. Nous voulons parler de l’amélioration des voies navigables et des ports qui forme la seconde partie du grand plan de travaux publics. La dépense d’argent commença à se faire sentir, le programme fut révisé, et la dépense, dont une partie notable était déjà effectuée, fut ramenée à 1 milliard 34 millions. Au commencement de 1888, les dépenses à faire sur le programme réduit s’élevaient encore à 372 millions, les crédits inscrits au budget ordinaire ayant été péniblement maintenus à une quinzaine de millions pour la France et l’Algérie. Cet affaiblissement des crédits, qui menaçaient de prolonger singulièrement la durée des travaux commencés et même de faire ajourner indéfiniment certaines entreprises, a alarmé les localités intéressés. Pour obtenir un tour de faveur, les municipalités et les chambres de commerce ont offert à l’administrations de contribuer à la dépense pour partie, et de prêter le surplus des sommes nécessaires à un taux, très modéré, quelques-unes même sans intérêts. Comment repousser des gens qui vous apportent de l’argent ? Beaucoup de ces offres ont été agréées. Le gouvernement et les chambres se sont engagés de plus en plus dans cette voie sans se rendre compte du danger qu’elle recélait pour les finances publiques. Chacun des projets de loi qui accepte une offre de fonds de concours se présente isolément : la somme offerte est limitée, l’annuité qui sera nécessaire pour le remboursement paraît de peu d’importance auprès d’un budget de 3 milliards : il s’agit d’une œuvre utile et qui donnera satisfaction à un département ou à une ville. Le projet de loi est voté sans observation, à un début de séance, et une nouvelle dette est créée. On ne peut contester en effet que ces acceptations de fonds de commerce ne soient de véritables emprunts de la part du gouvernement. Si, envisagés isolément, ils paraissent d’une médiocre importance, réunis, ils atteignent un chiffres notable ; et l’amortissement étant réparti sur une période peu étendue, est assez onéreux. La dette ainsi contractée par le gouvernement s’élevant, au 31 décembre