congé pour le jour de l’inauguration à leurs ambassadeurs, quelques-unes, la plupart, ont autorisé leurs chargés d’affaires à montrer par leur présence à l’ouverture de l’Exposition qu’elles ne boudaient qu’à moitié. Si la représentation des souverains a manqué, la représentation des peuples n’a pas fait défaut. Toutes les nations de l’Europe et de l’univers, accourues spontanément au grand rendez-vous, sont représentées au Champ de Mars par les productions de leur génie ou de leur industrie. De tout cela, il ne reste qu’une question déjà rétrospective d’étiquette monarchique que chacun a résolue comme il l’a voulu, qui ne troublera pas sûrement les relations des États et qui va se perdre dans le succès désormais assuré, éclatant, d’une manifestation du travail universel, faite pour intéresser, captiver et amuser le monde. Ce qu’il y a de certain, c’est que de la part de la France il n’y a rien eu, ni dans les dernières fêtes, ni dans les discours prononcés à Versailles et à Paris, qui pût prolonger ou aggraver cet incident de diplomatie monarchiste. M. le président de la république a parlé en homme attentif à respecter toutes les susceptibilités, heureux de recevoir les hôtes de la France, — et, chose extraordinaire, au banquet de l’Hôtel de Ville, à ce banquet où a paru le lord-maire, le président du conseil municipal n’a parlé ni de laïcisation, ni d’autonomie, ni de réformes sociales ; il s’est exprimé comme le plus simple des hommes, sans oublier le vœu pour la paix ni le toast aux hôtes illustres, aux représentans des puissances étrangères. Décidément tout se transforme avec l’Exposition ! Les étrangers peuvent venir : ils trouveront à Paris, non des révolutions, mais la cordialité d’une ville heureuse de se sentir encore une fois la cité hospitalière des peuples.
D’ailleurs, aujourd’hui en Europe, la politique, la grande politique, paraît avoir aussi sa trêve. Il y a sans doute des affaires pour tout le monde : pour l’Allemagne, qui a en Westphalie des grèves croissantes, de plus en plus inquiétantes, — pour l’Italie, qui en est à se demander si elle tentera une expédition nouvelle en Abyssinie, comment elle viendra en aide à la désolante misère des Pouilles. À tout prendre, il y a moins d’événemens d’un ordre général que des incidens comme il y en a dans tous les pays, — et un des plus curieux de ces incidens est certainement ce qui arrive en Hollande. C’est une sorte de coup de théâtre qui vient de se produire. Il y a quelques semaines tout au plus, le mois dernier, le roi Guillaume paraissait être dans un état assez grave pour que le gouvernement se crût obligé de demander aux états-généraux, réunis en assemblée plénière, l’institution d’une ; régence, — d’une double régence, à La Haye et à Luxembourg. À La Haye, on a marché prudemment, sans se hâter. À Luxembourg, le futur héritier du grand-duché, le duc Adolphe de Nassau, désigné pour exercer la régence, est arrivé moins comme un régent que comme un prince souverain venant prendre possession de son état. Il a trouvé dans la ville, dans la popu-