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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/105

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ponctuelle, refusait de faire aucun des sacrifices qui incombaient à sa charge. On plaida.

Se sentant un peu pressée, Mme de Richelieu fit entendre que le premier de ses cadets, Alphonse, allait hâter ses études. On prit même, dès lors, la précaution de le faire nommer par le roi. À partir de 1595, n’ayant encore que douze ans, il recevait parfois le titre d’évêque.

Mais cet Alphonse, honnête homme, très dévot et bizarre, ne voulut pas se prêter longtemps à de pareils arrangemens. Fut-ce excès de scrupule, ou quelque autre motif ? Le jour venu, il refusa tout net de coiffer la mitre. Il se fit moine et alla s’enfermer à la Grande-Chartreuse.

Ce coup de tête rompait toutes les mesures de Mme de Richelieu. L’évêché allait-il lui échapper ? Heureusement, elle avait un troisième fils. Celui-ci avait l’intelligence vive, prompte, prête à tout. Ce n’était pas un rêveur. Sa mauvaise santé pouvait lui être un grand obstacle dans cette carrière des armes où il prétendait entrer. Tout bien pesé, cet autre cadet prit la soutane, pour sauver l’évêché.

Ceci se passe aux environs de l’année 1602. Armand du Plessis avait dix-sept ans. Il quitte l’Académie et se remet à l’étude. Il avait déjà fait une philosophie à Navarre. Il en lit une autre à ce même collège, ou peut-être au collège de Lisieux. Puis il aborda la théologie. Son maître en cette science fut Jacques Hennequin, homme docte qui enseignait au collège de Calvi. Dès 1603, Armand du Plessis suivait ses leçons.

Mais la promptitude de son esprit se lassa vite des lentes méthodes usitées dans l’enseignement. Il délaissa les cours publics et se livra, chez lui, à des études personnelles qu’il poursuivit avec une application extraordinaire. C’est à cette époque que Richelieu eut pour maître de controverse l’Anglais Richard Smith, un des esprits les plus libres parmi les théologiens du temps.

Richelieu, soit de son propre mouvement, soit par l’impulsion qu’il recevait de ce maître particulier, embrassait alors, avec une passion fougueuse, les doctrines des « philosophes. « Il voulut manifester ses sentimens à ce sujet et demanda aux maîtres de la maison de Sorbonne l’autorisation d’ouvrir une dispute publique dans leurs bâtimens. Les sorboniens, inquiets, rejetèrent sa demande, et la raison du refus, dit l’écrivain qui nous rapporte ces faits, était la même que celle de la demande : à savoir que cela ne s’était jamais fait. Richelieu ne se tint pas pour battu. Il s’adressa à ses anciens maîtres du collège de Navarre, et il livra là son combat philosophique, sous la présidence d’un certain personnage du nom d’Itain, qui n’était ni docteur ni même bachelier et qui se contenta