personnelle. Ce ne fut qu’au bout de plusieurs années qu’on sentît la nécessité de combler cette lacune, et que l’art de la gravure en taille-douce et l’art, aussi mal à propos écarté d’abord, de la gravure en médailles, commencèrent d’avoir leurs représentans à l’Institut. Jusqu’au jour (1803) où fut prise cette mesure de justice, la part faite aux artistes dans la composition de la troisième classe se borna aux vingt-quatre places que contenaient les quatre sections de peinture, de sculpture, d’architecture, de musique et de déclamation. Reste à savoir comment on entendait procéder au recrutement des membres qui devaient occuper ces vingt-quatre places, et de quels élémens on se servit à l’origine pour constituer le corps électoral.
Le décret qui organisait l’Institut avait été, nous l’avons dit, rendu en vue de rattacher les unes aux autres toutes les puissances de la pensée humaine ; de faire des hommes voués avec le plus de succès aux différens travaux de l’intelligence les membres d’une seule famille, fortement unie par la dignité des titres et l’élévation des principes et, dans la pratique, par l’égalité des privilèges. Au lieu des anciennes académies qui n’agissaient et ne pouvaient agir qu’isolément, il y avait désormais un ensemble d’académies diversement occupées, mais soumises sous le même toit à la même discipline, intéressées à la défense de la même cause, statuant sur toutes les questions avec la même autorité légale, sinon avec la même compétence ; — ou plutôt il y avait, sous une dénomination nouvelle, une académie unique divisée en trois classes pour la facilité du travail ou pour la préparation des affaires à régler en commun.
L’élection par l’Institut tout entier des membres de chaque classe, au fur et à mesure des vacances qui viendraient à se produire, était une des prescriptions réglementaires les plus propres à confirmer pour l’avenir cette unité dans l’exercice des fonctions et des prérogatives dont on avait posé le principe comme une base fondamentale. Nous ne reviendrons pas sur les inconvéniens ou sur les périls inhérens au mode de scrutin adopté ; sur la difficulté pour la plupart des votans de se décider en pleine connaissance de cause ; soit que les savans et les littérateurs eussent à choisir l’architecte ou le sculpteur le plus digne de leurs suffrages, soit que, à leur tour, les artistes fussent appelés à apprécier les mérites spéciaux d’un astronome ou d’un orientaliste, d’un jurisconsulte ou d’un physicien. Nous nous bornerons à faire remarquer que, pour les premières nominations du moins, la procédure réglée par les statuts ne pouvait naturellement pas être suivie, puisque les électeurs futurs étaient encore eux-mêmes à l’état