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JOHN KEATS

I. Life, letters, and literary remains of John Keats, edited by Richard Monckton Milnes, 2 vol. Londres, 1848 (réimprimés depuis sous le nom de lord Houghton). — II. The poetical Works and other writings of John Keats, edited by Harry Buxton Forman, 4 vol. in-8o. Londres, 1883. — III. Keats, by Sidney Colvin. Londres, 1887 (dans la collection des English men of letters, dirigée par M. John Morley).

John Keats est né à Londres au mois d’octobre 1795 ; il est mort à Rome en février 1821. Il n’a donc pas vécu vingt-six ans. Ce qui est vraiment durable dans son œuvre tiendrait aisément en un petit volume. La plupart de ses meilleurs poèmes, notamment cet admirable Hypérion, sont inachevés : le plus pur de sa gloire, comme de celle d’André Chénier, est dans des fragmens. Enfin, le plus grand nombre de ses vers ont été écrits dans un intervalle de temps qui n’excède guère quatre années, de 1817 à 1820. Il ne faut donc pas s’étonner si la plupart des lecteurs et des critiques de Keats ont accepté ce testament poétique d’un écrivain mort jeune comme un tout indissoluble, et s’ils n’ont pas songé à y distinguer les périodes de son développement. « Keats, l’homme qui n’a jamais marché ni progressé comme un autre homme.., mais qui s’est enfermé en vingt années parfaites, » a dit de lui Elisabeth Browning dans Aurora Leigh. Les poètes jugent parfois mal les poètes. Le rôle de la critique est de détruire les illusions, si séduisantes qu’elles puissent paraître. De même qu’on a cherché à faire l’histoire du développement poétique d’André Chénier et qu’on a pu distinguer des périodes dans ce développement, de même l’étude de Keats doit être abordée désormais dans un esprit plus critique et plus historique. Cette courte vie n’a pas été sans étapes, rendant les quatre années qui en appartiennent à l’histoire littéraire, Keats,