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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.

Comme il est bien vrai que tout se confond dans la vie, que les deuils sont auprès des joies, les grandes misères auprès des grands plaisirs, et que, dans cette mêlée humaine, la politique, — ce qu’on appelle la politique, — est souvent peu de chose ! Certes, si l’on veut bien s’y arrêter un instant, rien n’est plus naturel peut-être, rien aussi n’est plus tragiquement émouvant que ce contraste ou ce rapprochement de l’opulence, fille du travail, des foules heureuses réunies dans les fêtes, et de cette catastrophe obscure qui fait des centaines de victimes, qui déjoue tous les calculs, toutes les prévoyances. C’est à coup sûr plus saisissant pour l’imagination, plus intéressant que toutes les discussions inutiles, que tous les orages factices et vulgaires du Palais-Bourbon.

D’un côté, c’est cette Exposition éblouissante qui se déploie dans son éclat toujours nouveau, offrant tous les attraits, l’attrait des œuvres de la science et l’attrait des choses ingénieuses, attirant les hommes du toutes les contrées de la terre, même les princes qui se dérobent, qui viennent en bonne fortune au Champ de Mars. Le succès, loin de décroître, ne fait que grandir pour l’honneur et la bonne renommée de la France, en dépit des envieux qui résistent de loin à la séduction, qui épient tout ce qui pourrait troubler ou ternir ces fêtes de l’industrie et des arts. Peut-être y mêle-t-on un peu trop de congrès, un peu trop de conférences, un peu trop de discours, un peu trop de commémorations banales et d’inaugurations de monumens. Des statues de Raspail, de Camille Desmoulins, de qui encore ? — Cela durera ce que cela pourra. Ce sont les accessoires. Le spectacle dans son ensemble ne reste pas moins ce qu’il est, superbe, instructif et charmant, une vic-