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La correspondance de Richelieu contient aussi des renseignemens intéressans sur tout ce qui touche aux facultés d’administration du jeune prélat. Ses intérêts, en tant qu’évêque et baron de Luçon, sont l’objet de ses vives préoccupations.

Sa sollicitude s’étend à tout son troupeau. Dans la grande misère qui accable ses administrés, il essaie, par tous les moyens, de leur venir en aide. Il s’efforce d’obtenir des secours ou du moins des dégrèvemens d’impôts, et, pour cela, s’adresse un peu à tout le monde, aux personnes chargées de faire l’assiette de la taxe, aux habitans des villes voisines qui doivent supporter une part des charges communes ; même au surintendant des finances, au tout-puissant Sully, près duquel il agit par l’intermédiaire du marquis de Richelieu, resté à Paris. Il faut souligner, en passant, cette première trace des relations qui bientôt se noueront plus étroitement entre le ministre de Henri IV et celui qui devait être le ministre de Louis XIII. Actuellement, Richelieu est le solliciteur. C’est dans les termes du plus humble respect qu’il s’adresse au favori du roi. Plus tard, les rôles changeront, et les attitudes changeront avec les rôles.

Le jeune évêque ne s’occupe pas seulement du temporel. Il donne au spirituel tous ses soins. Il met sa gloire à arracher, de son diocèse, l’ivraie qui l’obstrue. Selon les prescriptions des Conciles, il fait, à Pâques de l’année 1609, sa tournée épiscopale. Il organise partout des prédications de capucins, des oraisons et des neuvaines « pour échauffer à la dévotion et à la piété les âmes qui se sont refroidies. »

Il met un zèle particulier au choix de ses curés. Tandis que, partout ailleurs, ils sont nommés par la simple faveur, ou sur la recommandation de personnes influentes, il décide que, dorénavant, toutes les cures à sa collation seront données au concours, et, malgré son désir d’être agréable à ses amis, il écarte ceux de leurs protégés qu’il considère comme incapables.

La difficulté du recrutement le frappe, comme elle touche tous ceux qui ont à cœur les intérêts de l’église. Il prend sa part dans ce grand mouvement qui va faire, du XVIIe siècle, le siècle catholique par excellence. Un des premiers, parmi ses confrères, il songe à établir chez lui un séminaire. Henri IV lui recommande les Jésuites. Le père Cotton s’adresse à lui, invoquant la « particulière bienveillance dont il honore la compagnie. » Richelieu se tient, il est vrai, sur la réserve, en ce qui concerne ces messieurs ; mais il n’en poursuit pas moins son entreprise, et elle aboutira bientôt par le concours de Bertille, et des pères de l’Oratoire.

Ce devoir de bon pasteur, Richelieu le poursuit, en assistant aux