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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/703

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supplémentaire, et le surveillant de la dynamo n'a point à intervenir ; elle donne d'elle-même, instantanément, l'excédent de labeur que la réceptrice réclame.

Nous venons de voir comment la dynamo emprunte aujourd'hui son énergie au moteur à vapeur. Ce n'est là pour l'électricité qu'une période transitoire, une étape en espérant mieux. Son idéal, c'est d'aller puiser directement cette énergie aux grandes sources de force naturelles, aux chutes et aux cours d'eau, d'abord ; plus tard, elle apprendra peut-être à saisir et à transformer dans ses fils les autres mouvemens élémentaires qui agissent à la surface du globe. Déjà réalisé en Suisse, sur quelques points de notre Dauphiné, dans les régions montagneuses où les chutes sont proches et puissantes, cet idéal est contrarié ailleurs par des difficultés de détail. Les électriciens sont unanimes à affirmer qu'ils triompheront bientôt de ces derniers obstacles. Quand on cause avec eux, on recueille cette impression : depuis quelques années, ils ont travaillé en silence, lutté contre des problèmes qui paraissaient insolubles ; le moment est venu où ils se sentent maîtres de leur terrain, et sur le bord de nouvelles découvertes dont les résultats seront incalculables. Leur foi prédit, et à très bref délai, une révolution radicale dans les moyens de locomotion, dans l'outillage industriel, et par suite dans les conditions économiques du travail, le jour où le transport et la division de la force permettront de la distribuer partout à domicile. Je me refuse à conter ici leurs espérances ; en accordant la plus petite place au rêve, fût-il prophétique, je risquerais de faire naître un doute sur ce que je rapporte des conquêtes acquises et déjà considérables.

Je demande grâce pour ces détails techniques, encore arides et peu accessibles à la plupart d'entre nous ; telles furent pour nos pères, il n'y a pas si longtemps, les notions nouvelles sur la vapeur, notions aujourd'hui familières à tous. Nos yeux, notre esprit et notre langage se sont accoutumés à la locomotive, à ses organes, à ses comptes en chevaux-vapeur. Ainsi, dans un prochain avenir, chacun sera familiarisé avec les types usuels de la dynamo, avec le fonctionnement de ses courans, avec la nomenclature excellente d'une science qui emprunte à d'illustres ancêtres ses dénominations, les ampères, les volts… D'ailleurs, si je m'attarde dans cette merveilleuse classe 62, c'est parce que tout y suggère des indications de philosophie générale bien faites pour contenter l’intelligence.

Avant d'arriver dans cette galerie, nous en avons traversé beaucoup d'autres où l'industrie a rassemblé tout ce qu'elle est capable de produire, les innombrables créations, utiles ou belles, dont le