Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

uniquement honorifique. Forcément étrangers aux travaux que leurs confrères de Paris avaient la, mission d’accomplir, assez peu actifs pour leur propre compte, les associés non-résidans ne servaient guère qu’à compléter le chiffre réglementaire que les fondateurs-de l’Institut avaient jugé bon de fixer. Aussi, même avant le jour où un arrêté consulaire vint supprimer les associés non-résidans, l’inutilité était-elle généralement reconnue de ces prétendus-coopérateurs qui, loin de contribuer à fortifier la vie et à étendre l’influence du corps auquel ils appartenaient, ne faisaient que, compromettre l’autorité de celui-ci, aussi bien par leur propre inaction présente que par la valeur équivoque ou l’insuffisance de leurs titres dans le passé.

Et ce n’était pas seulement de ce côté qu’il y avait des réformes à faire ou des améliorations de détail à tenter. Quoique plusieurs années se fussent écoulées déjà depuis la fondation ; de l’Institut, plus d’une question de discipline intérieure n’était pas encore résolue, plus d’une prescription relative aux occupations en commun des diverses classes demeurait à peu près à l’état théorique. En outre, l’expérience avait démontré la nécessité de modifier l’organisation même de ces classes ; de composer chacune d’elles d’élémens. moins mélangés et, pour ce qui concernait en particulier la troisième classe, d’en, renouveler les conditions en la dédoublant, de manière à donner aux deux groupes d’écrivains et d’artistes dont elle avait été primitivement, formée des attributions indépendantes et un champ d’action sépare.

Le premier consul avait gardé pour tout ce qui intéressait l’honneur ou l’influence de l’Institut les premiers sentimens et le zèle du général Bonaparte. Même à l’époque où la seconde campagne d’Italie le retenait loin de la France, il s’occupait des affaires intérieures du corps auquel, dans ses bulletins militaires d’alors comme naguère dans ses proclamations à l’armée d’Egypte, il se glorifiait d’appartenir. Sept jours avant la bataille de Marengo, le 5 juin 1800, il écrivait à ses collègues du consulat pour désapprouver une mesure tendant à la suppression d’un journal qui avait raillé l’Institut à propos d’une décision récemment prise. « Le rapport du ministre pour la suppression de l’Ami des lois, disait-il dans sa lettre, ne me paraît pas du tout fondé en raison. Il me semble que c’est rendre l’Institut odieux que de supprimer un journal parce qu’il, a lâché quelques quolibets sur cette société qui est tellement respectée en Europe qu’elle est au-dessus de pareilles misères. Je vous assure que, comme président de l’institut[1], il s’en faut de peu que je ne proteste. Qu’on dise, si l’on veut, que le soleil tourne,

  1. Bonaparte avait été élu président de la première classe, le 22 mars 1800.