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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/754

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collège Mazarin[1] eut lieu, le 4 octobre 1806, sous la présidence de l’architecte Heurtier. Elle fut remplie presque entièrement par la lecture d’un morceau de circonstance dans lequel, suivant le goût du temps, le secrétaire perpétuel de la classe, Joachim Lebreton, ne manquait pas de rappeler à propos du fait présent les exemples d’Athènes et de Rome. « Quand les anciens, disait-il, inauguraient un temple, ils commençaient par invoquer la divinité qui devait y être honorée… S’il était dans nos mœurs, dans les opinions modernes de diviniser de même les idées morales, les vertus, les affections de l’âme, quels beaux rapprochemens, messieurs, ne pourrions-nous pas faire aujourd’hui que les arts, les sciences et les lettres prennent possession de ce nouveau temple ! .. Mais si nous sommes moins riches que les anciens en fictions ingénieuses, moins heureux en allusions sentimentales, qu’il nous soit permis cependant de les imiter en quelque chose dans cette solennité. Nous invoquerons le génie de la France : puisse-t-il ne pas cesser d’être fécond en grands artistes, en grands talens dans tous les genres ! » Après quoi, et pour utiliser apparemment ce qui restait de l’antique fonds des « allusions sentimentales, » l’orateur s’empressait de « déposer sur l’autel de Minerve, » autrement dit de présenter à ses confrères et au public, le compte rendu des travaux de la classe à laquelle il appartenait.

L’importance et la variété de ces travaux prouvaient d’ailleurs que, depuis que son action avait cessé de se confondre avec celle de l’Institut tout entier, depuis le jour où elle avait commencé d’avoir sa responsabilité propre et sa fonction distincte, la classe des beaux-arts s’était vaillamment acquittée des tâches qu’elle s’était prescrites. Grâce à elle, l’Académie de France à Rome, déserte depuis 1792, s’était repeuplée et, parmi les jeunes artistes qui s’y trouvaient réunis, plusieurs déjà en rajeunissaient avec éclat les traditions ; les musiciens et les graveurs, qui ne pouvaient, aux termes des anciens statuts, aspirerait litre de pensionnaires, avaient été officiellement reconnus aptes à l’obtenir, ceux-ci depuis 1804, ceux-là depuis 1802. En outre, à la suite d’une correspondance échangée entre Suvée, alors directeur de l’Académie de France, et les membres de la classe des beaux-arts qui avaient gagné les pouvoirs administratifs à leur cause, un arrangement avait été négocié par lequel le gouvernement de la Toscane cédait à la France la villa et les jardins qu’il possédait à Rome sur le Pincio : le 1er novembre 1804, le directeur et les pensionnaires quittaient en

  1. Le chiffre total des séances publiques de l’Institut, à partir du mois d’octobre 1806, se décompose ainsi : 82 séances tenues par les Académies réunies, 383 par ces Académies à tour de rôle, enfin 144 par l’Académie française pour la réception de chacun des membres successivement élus.