Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/758

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confrères s’étaient succédé avec une régularité inusitée jusqu’alors, et les comptes rendus analytiques de ces travaux lus dans les séances publiques, d’autres rapports adressés au gouvernement en réponse à des questions posées, montrent assez quelle conscience le nouveau secrétaire perpétuel apportait dans l’accomplissement de sa tâche. Le tout montre aussi la fécondité de l’influence exercée au dehors par la Compagnie dont Lebreton était l’interprète, et l’activité avec laquelle les membres de la quatrième classe s’employaient pour encourager les jeunes talens, pour stimuler les études archéologiques intéressant directement l’histoire de l’art, ou pour signaler à qui de droit les découvertes dont l’application semblait utile : — le transport sur toile, par exemple, d’anciens tableaux peints sur panneau, ou la restauration de ces tableaux sans l’emploi de moyens dangereux ou incomplètement efficaces[1]. Enfin, lorsque, au commencement de l’année 1808, le rapport général prescrit en 1802 par un arrêté du premier consul fut présenté à l’empereur Napoléon pour lui rendre compte des « progrès accomplis depuis 1780 dans les sciences, les lettres et les arts, » la partie de ce rapport que Lebreton lut au nom de ses confrères résumait avec une précision remarquable non-seulement les opinions de ceux-ci sur le mouvement de l’art français durant la période indiquée, mais encore les résultats plus ou moins heureux auxquels ils avaient personnellement contribué et les titres particuliers qu’ils s’étaient acquis par leurs talens. Sans doute, au point de vue littéraire, le travail du secrétaire perpétuel de la quatrième classe n’avait pas le même éclat que les travaux dus à d’autres rapporteurs, à Cuvier, par exemple, ou à Marie-Joseph Chénier, auteur de cet éloquent mémoire publié plus tard en volume sous le titre de Tableau de la littérature française depuis 1789 : toujours est-il que les pages écrites à cette occasion par Lebreton gardent au moins une sérieuse valeur historique et que, pour apprécier l’évolution opérée dans notre école à partir des dernières années du XVIIIe siècle, il y aura profit à les consulter.

Cependant, en dehors des récens progrès que les délégués des différentes classes avaient reçu la mission d’étudier dans le domaine des sciences, des lettres et des arts, d’autres événemens étaient survenus, d’autres changemens s’étaient produits qui, sans

  1. Parmi les chefs-d’œuvre de l’art italien momentanément rassemblés au Louvre à la suite des campagnes du général Bonaparte, plusieurs n’ont échappé à une ruine imminente que grâce aux soins qu’ils ont reçus et à l’habile traitement auquel ils ont été soumis chez nous. C’est ainsi que la Vierge de Foligno, de Raphaël, arrivée à Paris dans un état déplorable, fut, en 1802, sauvée de la destruction au moyen d’un transport sur toile pratiqué par M. Hacquin, sous les yeux d’une commission composée de membres de l’Institut, et que la Sainte Cécile, aujourd’hui la gloire du Musée de Bologne, subit ici une opération analogue à la même époque et avec le même succès.