de Rome, examen périodique des travaux envoyés par les pensionnaires de l’Académie de France, — tout se continua, tout s’accomplit avec une régularité et une méthode dues en grande partie au zèle et à l’influence de Lebreton. En outre, sur l’initiative de celui-ci, certaines mesures avaient été prises, certaines coutumes s’étaient introduites qui, en resserrant les liens de la confraternité académique, avaient aussi ce résultat d’associer le public aux affaires privées en quelque sorte de la compagnie, à ses deuils tout au moins, et au renouvellement de son personnel. Ainsi, depuis 1807, l’usage s’était établi d’employer une partie des séances annuelles à la lecture de Notices sur la vie et les ouvrages des membres récemment décédés, lecture suivie de la proclamation des noms de leurs successeurs. Haydn, que Paisiello venait de remplacer, avait été l’un des premiers (en 1810) l’objet de ces hommages posthumes : quatre ans plus tard, c’était à la mémoire d’un autre grand musicien qu’ils étaient rendus. Les funérailles triomphales que la population de Paris tout entière avait naguère faites à Grétry recevaient à l’Institut leur complément et comme leur consécration suprême dans la séance publique du 1er octobre 1814.
De tous les artistes appartenant à l’Institut depuis l’époque de sa fondation, Grétry était celui dont la foule connaissait le mieux le nom et les ouvrages, celui qui, pour elle, représentait avec le plus d’éclat les progrès accomplis en France vers la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe. Ni Houdon ni Méhul, malgré leur célébrité déjà longue, ni David lui-même, malgré le prestige de son rôle de réformateur et l’étendue de son influence, n’étaient arrivés à posséder une gloire aussi populaire. De là l’émotion universelle à la nouvelle de la mort du maître et les honneurs sans précédens, au moins dans notre pays, dont on entoura son cercueil. Peut-être faudrait-il remonter jusqu’au souvenir des pompes déployées à Home, lors des obsèques de Raphaël, ou, à Londres, le jour où les restes de Garrick reçurent dans l’abbaye de Westminster une sépulture quasi royale, pour trouver à l’étranger l’équivalent de ce qui se passa chez nous à l’occasion de la mort de Grétry. En tout cas, notre propre histoire ne fournirait pas à une date antérieure l’exemple d’un deuil aussi unanime, des témoignages aussi solennels de vénération pour un homme qui n’avait été ni un grand de ce monde par la naissance ou par les fonctions, ni un de ces héros que Dieu suscite à son heure pour la défense du territoire ou des institutions de leur pays.
De nos jours seulement, au lendemain de la mort d’un autre grand artiste, on a vu les mêmes empressemens se produire, les mêmes enthousiasmes en apparence précipiter la foule à la suite du char funèbre qui portait la dépouille de Victor Hugo ; mais, —