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archers, écuyers, au service tantôt des rois de France, tantôt des rois d’Angleterre, paysans, chasseurs, quelquefois pis.

La branche aînée resta, jusqu’au XVIIe siècle, dans le manoir paternel. Mais à la fin du XIVe siècle, un certain Sauvage du Plessis donna naissance à une branche cadette qui émigra vers la Touraine. Ce Sauvage était un habile homme ; il sut augmenter son maigre héritage et maria son fils avec une fille de la noble famille des Clérembault. Ceux-ci possédaient le château de Richelieu. C’est ainsi que les Du Plessis, branche cadette, quittèrent la misérable Brenne et s’installèrent dans un pays plus riche, à la frontière de la Touraine et du Poitou. Ils prirent le nom de la belle propriété que les Clérembault avaient aménagée sur les bords du Mable.

Les Du Plessis de Richelieu durent beaucoup au bonheur de leurs alliances. Les Clérembault les avaient tirés de l’obscurité ; bientôt, un mariage avec les Le Roy, autre famille considérable de la Touraine, les rapprocha de la cour. Sous le règne de Louis XI, ils y occupaient les fonctions modestes d’écuyers de la reine, et de maîtres d’hôtel des princes de la famille royale.

Après les Le Roy, ce furent les Rochechouart. En 1542, un Louis du Plessis épousa Françoise de Rochechouart, fille un peu mûre et sèche, parait-il, mais qui lui apporta en dot, outre quelque 12,000 livres, l’orgueil du grand nom qu’elle portait. Louis du Plessis et Françoise de Rochechouart eurent cinq enfans, dont François du Plessis, père du cardinal de Richelieu.

Louis du Plessis mourut jeune. Son fils aîné fut assassiné ou tué en duel par un seigneur voisin. Le cadet, François du Plessis, vengea ce meurtre ; mais il dut quitter la France pour échapper aux poursuites. Il voyagea, parcourut l’Angleterre, l’Allemagne, se trouva en Pologne au moment où le futur Henri III y régnait. Il sut s’approcher du prince, se faire distinguer, aimer. Quand Henri III quitta la Pologne pour venir en France succéder à