généalogie des Du Plessis, André Duchesne, dont on connaît l’exactitude et qui avait entre les mains tous les papiers de la famille, dit « qu’il naquit à Paris, fille capitale du royaume. » Aubery, auquel Mme d’Aiguillon, nièce du cardinal, confia le soin de composer immédiatement après la mort du cardinal une histoire de sa vie et de son ministère, Aubery dit « qu’il naquit et mourut dans un même hôtel. » Le géographe Baudrand affirme et répète « qu’il naquit à Paris, rue de Jouy, où est à présent l’hôtel d’Aumont. » Un des adversaires les plus ardens de Richelieu, Mathieu de Mourgues, dit, quelques mois après la mort du grand ministre : « Il est mort à Paris, où il était né cinquante-sept ans et trois mois auparavant. » En 1627, dans un pamphlet rédigé sous ses yeux, en réponse aux attaques de ses ennemis, Richelieu fait écrire : « Sachez donc qu’il naquit l’an 1585, non pas du côté de Tours, comme s’est imaginé ce conteur qui ne dit rien que ce qu’il ne sait, mais dans Paris même. » Richelieu encore, dans une lettre écrite en 1633, dit en propres termes : « Si je n’étais Parisien, vous pourriez trouver étrange que je sollicitasse les affaires de Messieurs de Paris ; mais ma naissance m’ayant rendu tel, il m’est impossible de ne pas suivre l’inclination que j’ai de servir une ville où je suis né. »
Enfin, un écrivain qui, jusqu’ici, n’a pas été cité mais dont le témoignage est précieux, parce qu’il fut un des familiers de la maison de Richelieu, l’abbé Michel de Pure, écrit « qu’il naquit à Paris, environ le mois de septembre 1585 ; » il ajoute « que l’accouchement fut pénible, qu’il faillit coûter la vie à la mère, que l’existence de l’enfant lui-même resta longtemps incertaine, et que, lorsque le baptême eut lieu à l’église Saint-Eustache, huit mois après la naissance, on ne fit aucune fête, le péril qu’avaient couru l’enfant et la mère portant plutôt au deuil qu’à la joie. »
Ces témoignages concordans, et notamment, ces deux dernières affirmations si positives, l’emportent évidemment sur la tradition qui rattache la naissance au château de Richelieu. Le passage de l’abbé de Pure donne la solution du problème qui avait jusqu’ici préoccupé les biographes, à savoir les causes du retard apporté au baptême. On croyait les rencontrer dans le temps nécessaire pour accomplir le voyage du Poitou à Paris. Nous savons maintenant qu’elles tenaient uniquement à la santé de la mère et de l’enfant, ainsi, qu’à l’absence du père, qui, au témoignage du même abbé, ne se trouvait pas alors à Paris. Le reste de l’acte de baptême a été retrouvé. Le voici tel qu’il a été conservé en original pendant trois siècles sur les registres de la paroisse Saint-Eustache.
« — 1586, le Ve jour du may.
« — Fut baptizé Armand Jehan, filz de mesire Françoys Duplicis, igneur de Richelieu, chevalier des ordres du roy, conseillier en son