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LA
COMEDIE AU XVIIIe SIECLE

C. Lenient, la Comédie en France au XVIIIe siècle, 2 vol. Paris, 1888.

Voulant nous exposer le développement de la comédie française au XVIIIe siècle, M. Lenient a traité cet ample sujet avec une simplicité rare. Au lieu d’en prendre occasion, comme d’autres l’auraient fait, pour construire un système, il s’est effacé volontairement derrière ses auteurs. Il a lu avec courage, il analyse avec exactitude le répertoire comique du siècle ; il nous donne le contact des œuvres ; ce n’est pas lui, c’est elles qui font impression sur nous. Il n’a voulu mettre de lui dans son livre que la netteté de son esprit et sa belle humeur indulgente. Cette discrétion n’est pas vulgaire. Mais cela ne va pas sans inconvéniens. Je n’imaginerais rien de mieux, s’il s’agissait de chefs-d’œuvre dont la beauté serait intacte et l’intérêt vivant : il ne faudrait que les approcher du lecteur et les laisser agir. J’ai peur, quand il s’agit des comédies du XVIIIe siècle, qu’elles ne nous disent pas grand’chose aujourd’hui, si le critique n’y met beaucoup du sien. De fait, quel intérêt peuvent avoir les analyses de la Coquette corrigée, des Dehors trompeurs, ou du Cercle, quand les pièces elles-mêmes sont ennuyeuses à la lecture, et vraiment insupportables à la représentation ? Et puis, comme il est à peu près aussi long d’analyser une mauvaise pièce qu’une bonne, tout se trouve ainsi sur le même plan. Un chapitre pour Piron, un chapitre pour Gresset, un chapitre pour Favart, un