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entendaient que les membres de la quatrième classe vinssent à eux pour travailler en commun au renversement de ce qui existait et au rétablissement de ce qui avait été aboli. Leurs projets sur ce point étaient si bien arrêtés et leurs prétentions si peu équivoques que le signataire de la lettre rapportée ci-dessus, escomptant sans plus de façons l’avenir, s’intitulait déjà « président de l’Académie royale de peinture, de sculpture et de gravure. »

Dans la séance où fut lue cette lettre, la classe déclara par un vote unanime sa volonté de passer à l’ordre du jour ; mais tout en refusant de donner suite à d’aussi étranges ouvertures, elle chargea son secrétaire perpétuel de porter à la connaissance de qui de droit les motifs de son refus. C’est ce que Lebreton fit dès le jour même, en adressant la lettre suivante au soi-disant président de l’Académie royale :

« Monsieur, écrivait-il à Le Barbier, la classe des beaux-arts de l’Institut royal de France a eu communication dans sa dernière séance, de votre lettre, en date de la veille, par laquelle vous demandez quels seraient les moyens de rapprochement entre les artistes dont vous présidez la réunion et la classe. Celle-ci ne s’est pas que compétente pour délibérer sur une pareille proposition. Toutes les Académies ayant été supprimées par une loi ne peuvent avoir d’existence légale que quand cette loi aura été abrogée. Jusque-là, ce serait pour la classe des beaux-arts une démarche irrégulière d’agir comme si la loi n’existait pas. Ici se Rome ce que je suis autorisé à vous répondre.

« Mais je puis ajouter, comme en ayant la certitude, que Son Excellence le ministre de l’intérieur a pu vous dire avec vérité que la classe des beaux-arts, qui avait demandé au dernier gouvernement une augmentation de membres, a renouvelé cette demande en l’appuyant des motifs qu’elle a jugés les plus puissans dans l’intérêt de l’art et des artistes[1]. Elle n’a pas autre chose à faire que d’attendre l’effet légal qu’auront ses démarches. L’Académie de peinture et de sculpture n’existe donc pas pour nous ; mais le ministre et vous, monsieur, serez justes envers la classe toutes les fois que vous lui attribuerez le désir de soutenir l’éclat de l’école française et d’être agréable aux artistes qui ont acquis des droits à l’estime publique. »

La situation et le rôle des deux partis en présence se dessinaient

  1. Lebreton, en s’exprimant ainsi, n’avançait rien que de strictement exact. On lit, en effet, dans le procès-verbal de la séance du 10 juillet 1814 : Le secrétaire perpétuel propose d’adresser à Son Excellence le ministre de l’intérieur la demande que la classe des beaux-arts avait faite au dernier gouvernement d’augmenter le nombre des membres de la classe et de le porter à quarante. La classe autorise le secrétaire perpétuel à transmettre cette demande au ministre avec tous les motifs à l’appui.