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affranchir son industrie. Puis, dominant cet ensemble gigantesque, ce formidable outillage et cette exubérante production, l’exposition d’Edison, monument étrange, occupant à lui seul près de 700 mètres carrés. Ce nom suffit pour attirer les regards, nom américain devenu universel comme l’homme qui le porte, en qui s’incarne l’inventif génie, l’esprit chercheur, curieux-et essentiellement pratique d’une race.

Ce que cet homme, secondé par ses aides, a noté de résultats, examiné de causes et observé d’effets est incalculable. Ses merveilleuses inventions n’ont ni lassé ses forces ni ralenti sa marche. Aux applications nouvelles d’un principe déterminé et connu comme l’électricité, succède le phonographe. A la plume électrique, dont on constate les avantages, mais dont on critique le prix élevé, il oppose lui-même son miméographe, simplifié, remplissant le même but, et, côte à côte, il expose ses deux inventions concurrentes, laissant au public le soin de décider quelle est la meilleure. Pour la lumière électrique, son premier brevet date d’août 1876. Complétant son œuvre par des améliorations successives, il prend neuf brevets nouveaux en 1879, autant en 1880, soixante-quatre en 18S1, quatre-vingt-trois en 1882 ; en janvier 1889, il en a déjà enregistré trois cent vingt-neuf et n’est pas au bout.

Pour le phonographe, notons ce que lui-même raconte au rédacteur du New-York Herald qui lui demandait en riant ce qu’il devait penser d’une rumeur attribuant à Edison l’invention d’une machine à l’aide de laquelle un résident de New-York put voir ce que sa femme faisait à Paris : « Je ne sais pas si ce serait là un service à rendre à l’humanité ; les femmes protesteraient. Mais, à parler sérieusement, je travaille en ce moment à une invention qui permettrait à un habitant de Wall Street de téléphoner à un ami, à Central Parle, à l’extrémité de la ville, et de voir cet ami pendant qu’il causerait avec lui. Cette invention-là serait utile et pratique, et déjà j’ai obtenu des résultats qui me satisfont, en reproduisant des images à cette distance. »

Signalons encore en passant, car l’exposition d’Edison prendrait à elle seule un volume : le motographe électrique, le télégraphe automatique, le séparateur magnétique des minerais et tant d’autres découvertes ingénieuses en voie d’élaboration dans ce cerveau puissant. Ses compatriotes sont fiers de lui et à juste titre. Il projette, sur leur exposition de 1889, le même incomparable éclat que le formidable feu électrique qui domine son buste projette sur le pavillon où brille son nom.

A côté de leurs richesses agricoles et de leurs inventions industrielles, c’est avec un légitime orgueil que les États-Unis exposent les résultats obtenus par leurs grands éditeurs : Houghton, Mifflin